Egalité HF

Toujours en quête de l’égalité

En dépit des progrès observés ces dernières années, la condition féminine constitue la première crainte de discrimination des femmes dans le monde de l’entreprise. Les initiatives foisonnent pour favoriser le partage des responsabilités avec les hommes.

Si dès l’antiquité, les femmes ont travaillé (et durement), leur droit au travail est relativement récent en France. Il faudra attendre 1965. 21 ans après avoir obtenu le droit de vote, pour que la loi (du 13 juillet) leur accorde la possibilité d’ouvrir un compte bancaire en leur nom – ce qui leur était permis dans les Caisses d’Epargne depuis 1881- et de travailler sans le consentement de leur mari. Quel chemin parcouru depuis ! Plus de deux femmes sur trois (67,6 %) participent actuellement au marché du travail, même si c’est encore moins que les hommes (75,4 %).

L’égalité entre les sexes se rapproche. L’écart qui était encore de 31 points en 1975 s’est réduit à 8 points en 2016. Plus nombreuses à travailler, les femmes sont également de plus en plus nombreuses à occuper des postes à responsabilité (42 % dans la population des cadres en 2019 contre 31 % en 1995). Reste que de nombreux obstacles s’opposent toujours à un traitement égalitaire entre femmes et hommes dans le monde de l’entreprise, que ce soit pour l’obtention de crédits pour créer sa propre société, l’accès à certains métiers, le niveau des rémunérations ou encore la promotion à des fonctions supérieures.

LES FEMMES, MEILLEURES GESTIONNAIRES QUE LES HOMMES.

Un coup d’arrêt a ainsi été observé dans la création d’entreprises par des femmes qui, après un envol dans les années 2000, stagne désormais à près de 40 % de l’ensemble.

Visuel Egalité

« La faible part des entrepreneures résulte de plusieurs facteurs, observe Eve Escandon, ancienne présidente de l’association Femmes Chefs d’Entreprise : la persistance de stéréotypes de genre jouant un rôle prépondérant, notamment au stade de l’orientation : l’entrepreneuriat reste associé essentiellement à des modèles masculins ».

L’ambition, la conquête, la performance, la prise de risque, autant de valeurs qui seraient « l’apanage » des hommes. Une discrimination qui prend sa source dès les bancs du collège, un certain nombre de métiers ayant longtemps été « déconseillés » aux jeunes filles (BTP, Mécanique…).

Autre facteur discriminant, le financement. « Les startup de la technologie dirigées par des femmes lèvent en moyenne deux fois moins de fonds que celles dirigées par des hommes », s’inquiète Karine Pho, vice-présidente du réseau Mampreneures France. Cette prudence des milieux financiers serait-elle justifiée ? Aucunement si l’on en croit une étude de l’institut Manageo révélant que les femmes s’avèrent meilleures gestionnaires que les hommes : en 2018, seulement 3,1 % des TPE ayant une femme à leur tête sont entrées en défaillance contre 5 % pour un dirigeant masculin. « Si Lehman avait été « Sisters » au lieu de « Brothers », le monde serait peut-être très différent aujourd’hui », avait déclaré dans une formulechoc, Christine Lagarde, alors directrice générale du FMI, au lendemain de la crise financière qui avait ébranlé la planète en 2008. Une assertion faisant référence aux qualités de sagesse dont témoignent les femmes à tous niveaux, du foyer domestique aux instances supérieures de management.

L’ÉCART SALARIAL MIS À L’INDEX !

« À travail de valeur égale, salaire égal », le principe d’égalité de rémunération entre hommes et femmes a été retenu par la Cour de Cassation dans un jugement de 1996. Si des progrès ont été observés, l’État a dû accentuer la pression sur les employeurs en faisant passer en 2018 la loi Pénicaud-Schiappa qui préconise la suppression de tout écart de rémunération et de situation entre les deux sexes. Obligation a été faite aux entreprises de créer un index de l’égalité salariale à publier chaque année, mesure appliquée progressivement et concernant désormais depuis 2020 toutes les sociétés de plus de 50 salariés. L’impact de cette disposition légale n’est pas mince, mais il demeure un écart de rémunération injustifié voisin de 20 % entre les femmes et les hommes. La crise provoquée par la pandémie du Covid-19 a contraint de nombreuses entreprises à ajourner leur plan de rattrapage salarial, soulignait récemment le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Des progrès sont également encore à effectuer pour atteindre la parité dans les sphères dirigeantes. La loi de 2011, dite Copé-Zimmermann, a certes entraîné une large féminisation des conseils d’administration et de surveillance des grands groupes, passant de 26,2 % en 2013 à 45,5 % en 2020. Mais les femmes n’occupent encore que moins d’un quart des postes dans les comités exécutifs.

Assurément, l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes demeure un vaste chantier. Les pouvoirs publics en ont pris conscience, comme le démontre le projet en débat au Parlement (voir l’entretien en pages 8-9) tout comme les organisations syndicales. Sur le terrain, les initiatives pratiques se multiplient, portées par des associations, fondations, collectivités territoriales. Tous ces acteurs expriment le même diagnostic : la mixité, le partage des tâches et des responsabilités entre les femmes et les hommes dans la vie (professionnelle et domestique) représente une chance, de justice et de progrès, pour la Société.

Thématiques similaires