Seine-et-Marne : ils prostituaient une mineure de 15 ans dans un logement étudiant

Attirée par la promesse de revenus mirobolants, Emma s'est livrée à la prostitution pendant un mois. Le 1er juin 2022, ses proxénètes ont été condamnés au tribunal de Meaux.

Un dispositif unique en France sera mené dès novembre 2021 dans la métropole lilloise pour les jeunes filles en situation de prostitution.
Trois prévenus étaient entendus le 1er juin 2022 pour prostitution aggravée au tribunal de Meaux, en Seine-et-Marne. Deux ont été condamnés. (©Adobe Stock/Ilustration)
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Trois jeunes hommes de 19 à 22 ans ont été jugés pour proxénétisme aggravé, mercredi 1er juin 2022 au tribunal de Meaux (Seine-et-Marne). La victime est une adolescente de 15 ans, qui a contacté la police quand elle a voulu arrêter. Deux d’entre eux ont été déclarés coupables et sont repartis sous escorte après l’audience pour purger leur peine de prison.

Tout a commencé mercredi 16 février, par un appel au commissariat de Noisiel. Une jeune fille qui est alors à la gare de Torcy, se dit « en danger ». Aussitôt arrivés sur place, les policiers ont pris Emma* en charge et écouté son histoire. Une enquête a été ouverte.

Escort-girl pendant un mois à 15 ans

A l’audience, aux côtés de sa mère sous le choc, la jeune fille de 15 ans réitère ses propos. Si elle a initialement dit avoir été séquestrée, elle explique avoir volontairement travaillé comme Escort-girl pendant près d’un mois. Ayant décidé d’arrêter sa scolarité, il lui fallait de l’argent : « 8000€ », évoque-t-elle « pour faire la fête, se faire plaisir et mettre des sous de côté ». 

Elle s’est alors confiée à un ami qui l’a mise en relation avec Djamal. Après quelques échanges sur Snapchat et une rencontre, le jeune homme lui parle de la prostitution et promet des gains bien supérieurs à ses besoins. Elle accepte. Profitant de l’absence de sa mère, partie plusieurs semaines, elle ment à sa tante pour sortir.

A domicile, dans un hôtel et en appartement

Dans un premier temps, les passes avaient lieu au domicile de clients. Djamal, toujours accompagné de deux copains, la déposait et l’attendait. Ensuite, dans un hôtel de Saint-Thibault-des-Vignes. Et à la fin, les rendez-vous étaient pris dans un logement étudiant à Torcy, toujours sous la surveillance et protection de l’un d’eux.

La jeune fille évoque en moyenne « 25 à 30 clients par jour » au cours des six semaines écoulées. Puis elle décide d’arrêter. Elle « ne veut plus trop le faire ». En fin de compte, elle a gagné peu et veut son argent, mais à la place, elle reçoit des coups.

Grâce aux renseignements fournis par l’adolescente, corroborés par l’enquête, les policiers ont pu identifier et interpeller le proxénète. En perquisitionnant le logement étudiant d’où Emma est partie, les enquêteurs ont trouvé des papiers au nom d’une autre personne et tout le nécessaire à la prostitution – préservatifs, lubrifiants – ainsi que 560€ en espèces.

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Les prévenus nient la prostitution

Aux côtés de Djamal dans le box, il y a ses deux complices. Le propriétaire de l’appartement à Torcy, qui a affirmé qu’il avait perdu ses clés et qu’on avait profité de son absence pour utiliser sa chambre d’étudiant sans convaincre, et le « chauffeur », qui a reconnu qu’il conduisait mais a affirmé qu’il ignorait la raison des déplacements.

Tous les trois ont nié avoir contribué à la prostitution d’Emma. Djamal l’a qualifiée de « menteuse » et de « nymphomane ». Mais avec beaucoup d’assurance et malgré la présence de sa mère dans la salle, Emma a maintenu ses déclarations et répondu aux questions. Notamment quand une des magistrates s’est étonnée du nombre de clients : « C’était peut-être 20 clients maxi par nuit. Souvent c’était des fellations, c’est rapide ». Elle a décrit la colère de son proxénète quand elle lui a dit qu’elle voulait arrêter : « Il m’a mis une patate ». 

« L’erreur judiciaire, c’est aussi de mal juger un coupable ! »

Dans ses réquisitions, le procureur de la République a présenté le proxénétisme sur mineurs(es) comme « un véritable fléau de notre société » engendrant « une atteinte à la dignité humaine ». Il a demandé aux juges d’infliger des peines lourdes : cinq ans pour Djamal, dépeint comme « le personnage central », et trois ans pour les deux autres, pour avoir « joué un rôle secondaire ».

Tour à tour, les avocats des prévenus ont pointé les failles du dossier : des déclarations fluctuantes de la victime, son refus d’aller aux UMJ (Unités Médico-Judiciaires), un manque de preuves et d’éléments matériels notamment.

« Monsieur le procureur vous demande d’envoyer un message parce qu’il s’agit encore d’un dossier de proxénétisme sur mineure. Mais présenter un dossier comme celui-ci et requérir des années de prison pour des gamins, c’est scandaleux ! Là, on ne fait plus de justice, seulement de l’abattage. On aura passé l’après-midi ensemble, mais on aura mal jugé. L’erreur judiciaire, c’est aussi de mal juger un coupable ! ».

Deux ans de prison ferme pour le principal accusé

Les juges ont prononcé la relaxe du « chauffeur ». Ils ont condamné Djamal à 36 mois de prison et le propriétaire de l’appartement à 30 mois, avec 12 mois de sursis probatoire pour chacun. Durant cette période, les condamnés devront se soumettre à différentes obligations et interdictions.

Pour la partie ferme de la peine, un mandat de dépôt a été délivré. Leur nom ira s’ajouter à la longue liste du fichier des délinquants sexuels (FIJAIS). Les compensations financières pour le préjudice subi par Emma seront évaluées lors d’une audience sur intérêts civils, en janvier 2023.

  • Le prénom de la victime a été modifié.

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