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Chaos au Stade de France: les images de vidéosurveillance du stade détruites car pas demandées par la justice

Erwan Le Prévost, directeur des relations institutionnelles et internationales de la FFF, a affirmé jeudi devant le Sénat que les images de vidéoprotection du Stade de France, lors de la finale de la Ligue des champions, n'existent plus. En cause: la justice n'a pas fait de réquisition pour empêcher la destruction automatique prévue par la loi. Mais les images du parvis et des alentours du stade existent elles encore.

Les images de vidéosurveillance du Stade de France tournées lors de la finale de la Ligue des champions sont décrites commes "extrêmement violentes" par la Fédération française de football. Mais, manifestement, ces images, qui concernent uniquement l'intérieur de l'enceinte et non pas le parvis, n'existent plus. Auditionné jeudi par le Sénat à propos des graves incidents survenus le 28 mai autour du match Liverpool-Real Madrid à Saint-Denis, un responsable de la FFF a expliqué que les enregistrements avaient été automatiquement détruits sans être transmis aux autorités.

"Les images sont disponibles pendant sept jours. Elles sont ensuite automatiquement détruites. On aurait dû avoir une réquisition pour les fournir aux différentes populations. Pour avoir été au PC sécurité toute la journée avec Didier [Pinteaux, responsable sécurité de la FFF], les images sont extrêmement violentes", a déclaré Erwan Le Prévost, directeur des relations institutionnelles et internationales de la fédération.

A l’extérieur du périmètre du Stade de France en revanche, d’autres caméras sont installées et sont sous la responsabilité, soit de la mairie de Saint-Denis, soit de la police. Les vidéos des caméras gérées par les pouvoirs publics sont elles conservées durant 30 jours, soit le délai maximum. Les images de ces vidéos sont donc toujours à disposition de la justice qui doit traiter prochainement plusieurs plaintes déposées récemment.

Cette déclaration sur les images du Stade de France a tout de même étonné les sénateurs. Laurent Lafon, président de la commission de la culture, a souligné qu'une information judiciaire avait pourtant été ouverte très rapidement. Mais le dirigeant de la FFF a alors précisé que "la justice a été saisie (...) sur la fausse billetterie", et non pas spécifiquement sur les violences survenues aux abords de l'enceinte dionysienne.

"Je n'ai pas envie de penser que c'est fait exprès"

David Assouline, sénateur de Paris, s'est indigné par deux fois que la réquisition n'ait pas été faite: "Ce qui vient d'être dit est très important, voire grave. J'aurais bien aimé que le préfet (Didier Lallement, ndlr) soit auditionné après vous. (...) Des preuves ont été détruites par, au moins, incompétence. Je n'ai pas envie de penser que c'est fait exprès. C'est très grave. C'est une responsabilité très importante de l'autorité publique".

L'élu socialiste a ensuite voulu savoir qui était en capacité de demander la sauvegarde de ces images dans le cadre de l'enquête. François-Noël Buffet, président de la commission des lois du Sénat, lui a répondu en apportant un éclairage sur la législation: "La réquisition des images de vidéoprotection, c'est une décision de justice. C'était au procureur de la République de demander la réquisition de ces images. Sur un plan pratique, les images s'écrasent tout seules dans le délai imparti par la loi. Si le procureur ne fait pas de réquisition, les images disparaissent".

Le maire de la métropole de Liverpool est "choqué"

"Nous allons immédiatement vérifier la réalité de la situation", a ajouté François-Noël Buffet. S'il advenait que ces images n'aient pas été conservées, qu'on n'en ait pas demandé la conservation, cela poserait un grave problème de notre point de vue".

Steve Roterham, le maire de la métropole de Liverpool, lui aussi auditionné par le Sénat, et lui-même victime de pickpockets le soir du match, a déclaré être "choqué" par cette information: "C'est vraiment inquiétant, je ne comprends pas. Il est essentiel de récolter l’ensemble des preuves pour l’enquête. Si ces images ont été écrasées, cela montrerait très clairement qu'il y a un vrai problème".

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport