Les audiences des commissions du Congrès ont rarement le droit au prime time. Mais le sujet – l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021 à Washington – a justifié une diffusion sur les principales chaînes américaines à une heure de grande écoute jeudi soir. “L’une des tâches les plus importantes” de cette commission d’enquête “est de faire changer d’avis ceux qui perçoivent son travail comme partisan”, résume le Los Angeles Times.

Un démocrate – Bennie Thompson du Mississippi, un État conservateur – et une républicaine – Liz Cheney, ennemie avouée de Donald Trump – ont ouvert l’audience. “Les déclarations d’ouverture ont clairement pointé Trump du doigt”, estime le Washington Post. “Ils ont décrit M. Trump comme un lâche autocrate qui voulait se servir d’un mensonge pour rester au pouvoir”, ajoute le New York Times.

Politico note que des entretiens avec Bill Barr, son ministre de la justice, et Ivanka Trump, sa fille, ont fait dire à Mme Cheney qu’il avait été “informé avec insistance par ses alliés que ses allégations de fraude étaient fausses et insuffisantes pour renverser le résultat de l’élection” mais qu’“il a[vait] persisté à en parler publiquement malgré tout”.

Un montage, reprenant des images choc de l’attaque du 6 janvier, fait partie des nombreux moyens utilisés par la commission “pour établir un lien entre Trump et les violences”, souligne le Post. La bande-son de cette vidéo a résonné à travers la salle, “remplissant l’espace avec les cris, les chants et le chaos indescriptible de ce jour-là”, décrit le Los Angeles Times.

“Propagande en direct”

Comme la plupart des grands médias du pays, CNN a suivi l’audience minute par minute. “Trump ne voulait pas que l’émeute s’arrête, résistant avec colère à ses propres conseillers”, a retenu la chaîne des deux heures de présentation.

Pour le New York Post, quotidien positionné à droite, la présentation de Mme Cheney était “plus détaillée” que celle de son collègue, qui “a parlé plus globalement des événements du 6 janvier 2021”. Il a notamment raconté qu’il venait d’une région des États-Unis où des gens justifient l’esclavage, le lynchage ou les actions du Ku Klux Klan. “Des pages noires de l’histoire me reviennent quand j’entends des voix tenter de justifier l’insurrection du 6 janvier 2021”, a-t-il dit.

Cette audience est la première d’une demi-douzaine d’autres, dont la programmation devrait s’étaler jusqu’à la fin du mois, précise le Huffington Post. Les téléspectateurs de Fox News ne les verront pas dans leur intégralité. Tucker Carlson, l’un des animateurs vedettes de la chaîne info, a dénoncé une “énième leçon sur le 6 janvier” donnée par “la classe dirigeante”. Il ne voit pas dans l’assaut contre le capitole une insurrection mais plutôt “une explosion de violence oubliable au regard des standards récents”. Préférant se focaliser sur le prix de l’essence et une guerre nucléaire toute proche, selon lui, il a affirmé que son émission serait la seule à cette heure-ci “à ne pas diffuser en direct leur propagande”.