C'est une attaque frontale lancée par l’État de l'Ohio contre la communauté transgenre. Mercredi 1er juin 2022, premier jour hautement symbolique du mois des fiertés, qui met à l'honneur les personnes LGBTQ+, les membres de la Chambre des représentants ont voté une loi visant à interdire aux filles transgenres de participer à des sports dans le cadre scolaire, plus précisément au sein de la catégorie féminine.

"Que ce troisième texte de loi ait été glissé dans un projet sans rapport au dernier moment est une gifle supplémentaire pour toute notre communauté. Je sais que beaucoup de membres LGBTQ+ se demandent 'Qu'est-ce que je leur ai fait'. (...) Mais la réponse est : rien, juste existé.", s'est indignée Maria Bruno, directrice de la politique législative pour l'association Equality Ohio.

Des contrôles génitaux dès 6 ans

Ainsi, dès 6 ans, le genre d'une élève pourrait être remis en question par quiconque se sentirait lésé par sa présence dans une équipe ou une compétition sportive. La loi permet d'imposer à la personne mise en cause un contrôle médical de ses organes génitaux

Demander à une élève de choisir entre un acte de santé non nécessaire et le désir de continuer à pratiquer son sport est vicieux.

À la suite de quoi, elle devra fournir "une déclaration signée d'un médecin" basée sur son "anatomie reproductive interne et externe", ses "niveaux de testostérone produits de manière endogène" et "une analyse de [sa] constitution génétique", précise le texte de loi que s'est procuré la chaîne locale News 5 Cleveland.

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Outre l'aspect discriminatoire d'une telle loi, l'examen qui pourrait désormais être imposé à de jeunes adolescentes est problématique. Comme le souligne la chroniqueuse Alyssa Rosenberg dans le Washington Post : "Cela veut dire qu'un docteur doit inspecter les parties génitales de jeunes athlètes. Et un examen pelvien standard implique au praticien d'insérer ses doigts dans le vagin de la patiente (...) Demander à une élève de choisir entre un acte de santé non nécessaire et le désir de continuer à pratiquer son sport est vicieux, moralement, si ce n'est légalement, c'est une sorte de viol médical."

L'argument d'une injustice biologique

Baptisée "Save Women's Sports Act", soit "Loi pour la sauvegarde du sport féminin en français, elle est présentée par les conservateurs républicains comme une législation protégeant les filles athlètes.  En 2020, rappelle TF1, la représentante républicaine d'État Jena Powell avait justifié : "Nous ne pouvons pas permettre que les rêves des filles d'être une athlète médaillée d'or soient anéantis par des hommes biologiques qui volent leur opportunité."

À ce jour, dans l'Ohio, seule une fille transgenre a participé à des compétitions sportives au cours de l'année scolaire 2021-2022, notent Equality Ohio et l'association lycéenne d’athlétisme de l'Ohio (OSHAA).

Le texte doit encore être approuvé par le Sénat, d'ici la fin de l'année 2022. Aux États-Unis, les droits des femmes et des minorités sont plus que jamais en danger, notamment l'accès à l’avortement qui risque fortement d'être banni dans la moitié du pays. La nouvelle constitution des juges de la Cour suprême, à majorité républicaine, encourage les états les plus conservateurs à multiplier les lois discriminantes et restrictives.