Sras, Mers, Ebola, grippe aviaire, Zika, Covid-19, variole du singe… Favorisées par nos modes de vie, les zoonoses, maladies transmises à l’homme par des animaux, se sont multipliées ces dernières années. Une situation qui laisse craindre l’émergence de nouvelles pandémies
Alors que l’on découvre de nouveaux cas de variole du singe partout dans le monde et que l’on combat toujours les variants du Covid-19 apparu en 2020, de nouvelles pandémies liées à des zoonoses (transmission de maladie entre l’animal et l’homme) pourraient survenir. « L’interface entre l’homme et l’animal est devenue assez instable », s’est alarmé il y a quelques jours le Dr Mike Ryan, responsable des situations d’urgence à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les facteurs d’émergence et d’amplification de maladies ont augmenté », selon lui.
Il l’affirme, les zoonoses se sont multipliées ces dernières années. Les animaux vertébrés transmettent des maladies qui peuvent même devenir spécifiquement humaines, à l’instar du Covid-19. D’après l’Organisation mondiale de la santé animale, environ 60 % des maladies émergentes sont d’origine zoonotique.
Plus d’une centaine de cas de variole du singe ont été détectés dans le monde depuis le début du mois de mai. Comment se propage ce virus ? Faut-il s’en inquiéter ? Quels sont les symptômes de la maladie ?… On fait le point
Les élevages, voyages et la déforestation en cause
Plusieurs éléments entraînent ce phénomène, notamment « l’intensification des voyages, qui permet (aux maladies) de se diffuser plus rapidement et de manière incontrôlée », a souligné Marc Eloit, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur. En occupant des zones du globe de plus en plus larges, l’homme contribue à perturber l’écosystème et à favoriser la transmission des virus. L’intensification des élevages industriels accroît aussi le risque de propagation de pathogènes entre les animaux. Le commerce d’animaux sauvages augmente l’exposition humaine aux microbes qu’ils sont susceptibles de porter.
Les pandémies sont généralement imprévisibles, cependant, il existe au moins dix facteurs dont nous savons déjà avec certitude qu’ils sont liés à l’émergence d’une future épidémie ou pandémie
La déforestation renforce, elle, le risque de contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les populations humaines. « Quand on déforeste, on diminue la biodiversité. On perd des animaux qui régulent naturellement les virus, ce qui leur permet de se diffuser plus facilement », a expliqué Benjamin Roche, biologiste à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), spécialiste des zoonoses.
La menace du réchauffement climatique
Le dérèglement climatique va par ailleurs pousser nombre d’animaux à fuir leurs écosystèmes pour des contrées plus vivables, a alerté fin avril une étude parue dans Nature. Or, en se mélangeant plus, les espèces se transmettront davantage leurs virus, ce qui favorisera l’émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l’homme.
L’étude dessine un futur « réseau » de virus sautant d’espèce en espèce, et grossissant à mesure que la planète se réchauffe. « Toute une lignée de nouvelles maladies risque d’émerger, potentiellement dangereuses. Il faudra être prêt », a prévenu Eric Fèvre, professeur spécialiste des maladies infectieuses vétérinaires à l’université de Liverpool et à l’International Livestock Research Institute.
Les principales et récentes maladies dues à des zoonoses
Le début du XXIe siècle a été marqué par plusieurs épidémies de virus émergents liés à de zoonoses. Causé par un nouveau coronavirus, le Sars-CoV-2 (dont l’origine demeure incertaine), le Covid-19 a émergé à la fin de 2019 en Chine avant de se propager au monde entier, faisant plus de 6,2 millions de morts selon un bilan, fin mai 2022, de l’université américaine Johns Hopkins.
Pour lutter durablement contre le coronavirus, des chercheurs sont en quête d’un vaccin universel. Plusieurs équipes travaillent sur le sujet, et espèrent le démarrage d’études cliniques dans les prochains mois
Semblable et provenant de Chine en 2002, le virus du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a été transmis de la chauve-souris à l’homme par l’intermédiaire de la civette, mammifère sauvage vendu à l’époque sur les marchés chinois pour sa viande. Toujours dans le domaine des coronavirus et détecté pour la première fois en 2012 en Arabie saoudite, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) est une maladie respiratoire virale due à un nouveau coronavirus transmis par des dromadaires. Il a provoqué la mort d’un tiers des cas infectés, avec 850 victimes au total.
Encore lié à la chauve-souris, et identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo, le virus Ebola a déclenché une série d’épidémies au XXIe siècle en Afrique qui ont coûté la vie au total à plus de 15 000 personnes. De la même famille, le virus Marburg - maladie grave qui provoque une fièvre hémorragique sévère - a émergé en 1967 en Allemagne et Yougoslavie à la suite de travaux sur des singes verts. Il provoque la mort d’environ 50 % des personnes infectées.
L’OMS qualifie pour l’instant de « modéré » le risque au niveau régional et de « faible » sur le plan international et ne recommande aucune restriction aux voyages et au commerce à destination de la RDC
Viennent ensuite les maladies causées par les piqûres de moustiques (Zika, chikungunya et dengue), apparues entre 1947 et les années 2000. Développées chez des singes, ces pathologies provoquent chez l’homme de la fièvre, des douleurs articulaires ou encore des malformations lors de naissances. Leurs flambées épidémiques sont encore récentes.
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