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Cancers pédiatriques dans l’Eure : du plomb et des terres rares retrouvés dans les cheveux

Pour tenter de trouver les causes d’un nombre élevé de cancers pédiatriques à Pont-de-l’Arche et Igoville, des parents avaient réalisé des prélèvements de cheveux sur des enfants. Les résultats ont été rendus jeudi 9 juin 2022.

Temps de lecture: 3 min

Du plomb et des terres rares. Voilà ce qui a été trouvé dans quasiment toutes les mèches de cheveux prélevées sur onze enfants habitant Pont-de-l’Arche et Igoville. Un secteur touché par un nombre anormalement élevé de cancers pédiatriques. Trois mères, mobilisées depuis quelques années, ont réalisé ce prélèvement le 19 mars 2022 grâce aux kits offerts par l’Association des sinistrés de Lubrizol. « On venait d’apprendre un nouveau cas en février. C’était le cas de trop », a rappelé Coralie Jarguel lors d’une réunion organisée jeudi 9 juin 2022 au soir à Igoville, afin de présenter les résultats aux parents.

Vidéo. 7 minutes #74 / « Contrechamp » (22 mars 2022). Cancers pédiatriques : des parents inquiets

Intoxication chronique

Les éléments communs aux onze mèches prélevées, notamment sur quatre enfants malades, sont des terres rares (des métaux) détectées sur dix enfants et du plomb présent sur neuf enfants. « La présence du plomb est inquiétante car en général on en trouve dans 30 % des analyses. Là on est à 90 %. Et normalement il ne devrait y avoir aucunes terres rares », relève Matthieu Davoli, cofondateur et président de l’association ToxSeek urgence dont le laboratoire a réalisé les analyses. L’association travaille notamment avec le collectif de Sainte-Pazanne, en Loire-Atlantique, secteur où il y a un cluster de cancers pédiatriques. Matthieu Davoli parle d’une « intoxication chronique », puisque la présence dans les cheveux permet d’attester d’au moins trois mois d’exposition à un polluant. Il souhaite que désormais l’étude puisse être étendue à une population plus large « et il faut étudier l’évolution dans le temps des profils déjà testés ».

Des résultats à approfondir

Ces résultats ne sont bien sûr pas une explication aux cas de cancers pédiatriques eurois. Pour les parents, c’est tout de même « une forme de soulagement car ils ont des pistes », atteste le scientifique. Ils ne se satisfont pas en effet du résultat de l’enquête épidémiologique qui leur a été dévoilé en juin 2021. Dirigée par Santé publique France (SPF), elle conclut qu’il n’existe aucun « facteur commun identifié » entre les onze cancers (dont six leucémies) déclarés entre 2017 et 2019 et retenus dans le cadre de l’étude épidémiologique.

Il faut maintenant trouver la source de ces pollutions dans l’environnement des enfants. Le plomb attire le regard du côté des industries, et les terres rares du côté des champs électromagnétiques. « On commence à croire qu’il y a un lien de causalité entre terres rares et champs électromagnétiques. Le lien scientifique, on ne le connaît pas encore », souligne Matthieu Devoli. Et d’évoquer, notamment, les suspicions qui pèsent sur une antenne 4G qui pourrait nuire à la santé d’un troupeau, en Haute-Loire, dont une quarantaine de vaches sont décédées. La justice a ordonné, au début du mois de juin, la suspension temporaire de l’antenne (les opérateurs ont formé un pourvoi en cassation).

Désormais, les trois mères de famille veulent pousser les investigations plus loin et espèrent pour cela obtenir des aides des collectivités. Elles ont d’ailleurs créé une association, « Cancers, la vérité pour nos enfants », afin notamment d’obtenir des subventions. « Nous n’avons pas l’intention de nous arrêter. Pas jusqu’à ce qu’on trouve la cause des cancers », promet Coralie Jarguel.

Infos pratiques Association Cancers, la vérité pour nos enfants, contact cancersped27@laposte.net

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