Dans un édito titré “Nous devons donner un coup de semonce au Japon pour le réveiller”, le Huanqiu Shibao met en garde son voisin. Si, comme cela a été annoncé par la presse japonaise, “le Japon envoie réellement des fonctionnaires en exercice de son ministère de la Défense s’installer à Taïwan, il s’agira d’une rupture de facto du cadre des relations d’après-guerre entre le Japon et Taïwan”, estime le journal, en soulignant que “la Chine réagira certainement vivement”.

Le Huanqiu Shibao cite un article de l’agence de presse japonaise Kyodo News. Selon cette dernière, le ministère de la Défense japonais a déterminé une politique visant à créer un nouveau poste de commandement unifié des Forces d’autodéfense (FAD, l’armée japonaise) terrestres, maritimes et aériennes, qui serait également destiné à “répondre à la Chine”.

Un consensus extrêmement dangereux

“La rhétorique des anciens politiciens japonais de droite à propos de Taïwan se reflète petit à petit dans la politique du gouvernement japonais actuel”, poursuit l’éditorial, selon lequel “un ‘consensus’ extrêmement dangereux se forme et se développe dans la société japonaise”.

Pour illustrer cette dérive du Japon, le journal proche du pouvoir chinois rappelle certaines déclarations offensives de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe : “S’il se passe quelque chose à Taïwan, il se passe quelque chose au Japon” - illustrant un très haut niveau d’implication. Et encore une menace à peine voilée : “Il nous faut forger un environnement qui fasse abandonner à la Chine la réunification avec Taïwan par la force militaire.”

Le Huanqiu Shibao estime que les forces conservatrices japonaises profitent de la conjoncture internationale, et en particulier du “conflit russo-ukrainien”, pour “se débarrasser des contraintes et des contrepoids internes”. Une référence à la constitution pacifiste du Japon que Shinzo Abe a tenté pendant des années de faire abandonner, sans succès vu la forte opposition rencontrée.

Pour le Huanqiu Shibao, aux yeux de la droite japonaise, la période actuelle présente probablement une “fenêtre d’opportunité” rare, voire une “dernière chance”, pour que le Japon envisage un relâchement de ces contraintes dans le domaine militaire - qui lui interdisent toute action en dehors d’une situation d’autodéfense - et remodèle sa position en Asie.

Et de rappeler au Japon qu’il a “une culpabilité historique envers l’Asie” (où il a occupé un grand nombre de territoires et s’est montré responsable de nombreuses exactions pendant la Seconde guerre mondiale). Le Huanqiu Shibao réaffirme aussi que “la question de Taïwan est une affaire de famille pour la Chine”, en promettant :

“Si un étranger veut s’y immiscer, nous lui briserons les jambes”.