Strasbourg : ils se relaient chaque semaine pour héberger des sans-abri, "nous avons besoin de trouver d’autres accueils citoyens"

A Strasbourg, une poignée de citoyens se relaient pour héberger des personnes sans domicile fixe à raison d’une semaine par mois. Un système souple et solidaire encadré par l’association L’Ouvre Porte qui s’engage à trouver une solution pérenne pour chaque protégé.

Ils sont des dizaines, pour ne pas dire des centaines à dormir à la rue dans la capitale européenne. Il y a plus d’un an, choqués par cette situation, quelques étudiants strasbourgeois décidaient d’accueillir à tour de rôle le temps d’une ou de plusieurs nuits des sans-abris.

Il se trouve que ce mouvement de solidarité rejoignait parfaitement celui de l’Ouvre Porte, une association d’intérêt général et humanitaire. Imaginée à Lyon en 2017, elle propose un accueil citoyen organisé sous forme de boucles, plusieurs foyers accueillant à tour de rôle une même personne.

Depuis le 2 juin 2022, l’Ouvre Porte existe désormais, et de manière autonome, à Strasbourg.

Comment ça marche ?

"C’est un système d’une grande liberté", pose d’entrée de jeu Baptiste, un des co-présidents de l’antenne. Il suffit d’avoir un canapé ou une chambre à mettre à disposition pour un sans-abri pendant une semaine par mois". A partir du moment où elle réunit quatre hébergeurs, l’association peut installer démarrer "une boucle".

Recommandée par des associations partenaires (comme Les vélos du cœur, Respire ou encore Themis), la personne sans-abri est, dès lors, assurée de ne plus passer une nuit dehors.

Cet hébergement solidaire est encadré par une convention que l’association établit avec l’hébergeur. "Celui-ci ne doit avoir aucune contrainte", précise Baptiste, "C’est lui qui détermine les limites. Est-ce que l’hébergé peut cuisiner ou non ? Est-ce qu’il peut se servir du frigo ? Est-ce qu’on lui laisse les clefs quand on est absent? Tout est clairement fixé dans cette convention".

Si un hébergeur ne peut pas assurer son tour, soit par ce qu’il part en vacances ou qu’il accueille de la famille par exemple, l’association dispose d’un volant d’hébergeurs de secours, toujours prêts à donner un coup de main…et surtout un lit!

Les forces vives

La jeune antenne strasbourgeoise mise sur le collectif. Dans sa structure d’abord : elle ne veut pas mettre en avant un président, il n’y a que des co-présidents, au nombre de six. Chacun est un maillon de la chaîne : l’un s’occupe de la communication, l’autre de la gestion du planning des hébergés, le troisième du pôle juridique, etc.

Elle compte aussi dans ses rangs des médiateurs. "Il arrive qu’il puisse y avoir des incompréhensions entre hébergés et hébergeurs", explique Baptiste, "Il est important de comprendre ce qu’il se passe et de dialoguer pour dénouer les éventuelles tensions".

Ces incompréhensions sont souvent liées à des problèmes culturels. Il se souvient par exemple d’un Soudanais qui cuisinait avec beaucoup d’ail, un peu trop au goût de celui qui l’abritait. L’intervention du médiateur a permis de comprendre que l’ail était un ingrédient fondamental dans la cuisine soudanaise et tout est rentré dans l’ordre.

Pour fonctionner, l’association n’a pas besoin de beaucoup d’argent. "A part les 40 euros d‘assurance responsabilité civile que nous souscrivons pour chacun de nos hébergés, c’est à peu près tout", estime Baptiste, "Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de trouver d’autres accueils citoyens".

Deux boucles pour le moment

Pour le moment, L’Ouvre Porte de Strasbourg a permis la création de deux boucles, soit huit hébergeurs, et la mise à l’abri de deux protégés. Le profil des hébergeurs est très varié. Baptiste détaille : "On a des jeunes et des moins jeunes, des travailleurs comme des retraités".

Elle cherche aujourd’hui à lancer d’autres boucles et développer son réseau. Pour susciter de nouvelles vocations, Baptiste martèle : "Il est important de répéter que l’hébergeur peut s’arrêter quand il veut. Il est libre. La promesse que nous faisons aux hébergés, celle qui consiste à dire qu’ils ne dormiront plus dehors, cela engage l’association, pas l’hébergeur".  

Derrière cette promesse, il y en a une seconde : zéro remise à la rue. Le protégé sortira de la boucle si, et seulement si, une solution pérenne lui est trouvée. Avis aux Strasbourgeois accueillants. Si vous avez un canapé, une chambre d’amis à mettre à disposition gracieusement une semaine par mois, manifestez-vous auprès de Baptiste en lui écrivant à l’adresse suivante : ouvreporte.strasbourg@protonmail.com.

Dormir à la rue, quelle que soit la saison, c’est dur. On n’est jamais mieux que dans un lit.

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