Des températures de 35°C à 38°C avec des pics à 40°C. Voici un aperçu de la chaleur qui va s'installer sur l'Hexagone ces prochains jours. Qualifié de "plume de chaleur" par les experts, ce "filet d'air chaud" qui vient du Sud, pourrait se transformer en dôme de chaleur s'il est rejoint par une autre masse d'air provenant de l'océan Atlantique. Un marqueur manifeste du changement climatique, qui intensifie et multiplie ces vagues de chaleur. 

C’est un nouveau signe du changement climatique. Alors qu’à la mi-mai, des températures extrêmes pour la saison ont été enregistrées en France, c’est une nouvelle vague de chaleur qui déferle sur l’Hexagone. Des températures comprises entre 35 et 38°C  sont attendues sur la moitié Sud, dans un contexte de sécheresse qui fait peser un risque important sur les récoltes. Cet épisode, lié à une dépression localisée entre les Açores et Madère qui favorise les remontées d’air chaud sur l’Europe occidentale, devrait arriver dès le 14 juin au soir sur l’extrême sud du pays, avant de s’étendre le 15 juin à toute la moitié Sud, jusqu’au week-end, selon Météo-France, qui note une incertitude concernant la moitié nord.
Cette forte chaleur sur plusieurs jours, dès la mi-juin, est "extrêmement précoce", a indiqué à l’AFP Frédéric Nathan, prévisionniste chez Météo-France. Le mercure est déjà monté très haut en juin par le passé, en particulier lors d’une des canicules de 2019 avec un record absolu pour la France métropolitaine de 46°C à Vérargues (Hérault), mais c’était à la toute fin du mois. "La très probable vague de chaleur en France débuterait le 15 juin et serait la plus précoce jamais observée", ajoute l’ingénieur prévisionniste à Météo-France Gaétan Heymes, interrogé par Novethic. 

La plume de chaleur, "un filet d’air chaud"


Pour le climatologue Christophe Cassou, cet épisode s’apparente à une "plume de chaleur", une notion peu connue que le directeur de recherche au CNRS explique sur Twitter : "Cette vague de chaleur n’est pas un dôme de chaleur, mais une plume de chaleur, un panache, un tentacule qui vient du Sud. C’est une vague de chaleur adjective (transport d’un air chaud et sec par les vents du Sud), en tout cas pour le début de l’épisode". L’expert ajoute : "Contrairement à un dôme de chaleur plutôt statique, ici tout est très dynamique". 
Cette notion, qui n’est pas un terme académique, renvoie à l’idée d’un "filet d’air chaud". Contrairement au dôme de chaleur qui est un couvercle d’air qui se réchauffe petit à petit", détaille Gaëtan Heymes. Les prévisions sont pour l’instant incertaines quant aux prochains jours, la plume de chaleur pouvant se transformer en dôme de chaleur.

"Le déni de gravité n’est plus une option"


Marqueur du changement climatique, les vagues de chaleurs se sont multipliés par 3 voire 4 depuis les années 90. Sur les 43 vagues de chaleur détectées depuis 1947, 9 ont eu lieu avant 1989, le reste entre 1989 et 2020. Or selon les experts, même dans un scénario optimiste de baisse majeure des émissions, le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicules devrait doubler d’ici la fin du siècle en France.


"Le déni de gravité n’est plus une option. Ne pas être à la hauteur est aujourd’hui irresponsable", a commenté sur Twitter le climatologue Christophe Cassou. Rappelons par ailleurs que la France se dirige vers une sécheresse historique. Après un hiver déjà très sec, un printemps parmi les trois plus chauds de l’histoire, l’été qui approche s’annonce chaud et sec, selon les nouvelles prévisions de Météo-France, contraignant des départements à mettre en place des restrictions d’usage de l’eau. 

Marina Fabre Soundron @fabre_marina avec AFP
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