La France s’apprête à vivre une vague de chaleur — une plume de chaleur, disent les experts — qui s’annonce record. Probablement un effet du réchauffement climatique anthropique. Et à l’autre bout du monde, du côté de l’Antarctique, une autre manifestation de ces changements induits par les Hommes : des glaciers qui fondent comme jamais depuis plusieurs millénaires.


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    L'Antarctique, c'est un immense continent recouvert de glace. Un seul continent, mais que les scientifiques séparent en deux massesmasses de glace distinctes : l'est Antarctique et l'ouest Antarctique. Et ce dernier, tout particulièrement, a fondu à un rythme accéléré au cours de ces dernières décennies. En cause, le réchauffement climatique anthropique.

    Du côté de cet Antarctique occidental, les chercheurs ont identifié des glaciers particulièrement vulnérables. Le glacier Thwaites -- d'une superficie de l'ordre de 192.000 kilomètres carrés (km2) -- et le glacier de l'ile du Pin -- environ 162.000 km2. Et récemment, une équipe de l'université du Maine (États-Unis), du British Antarctic Survey et de l'Imperial College London (Royaume-Uni) est allée y voir de plus près. Pour mieux comprendre les évolutions de ces glaciers, les chercheurs ont étudié les fluctuations du niveau de la mer dans les environs depuis le milieu de l'Holocène. Autrement dit, depuis environ 5.500 ans.

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    Rappelons qu'à cette époque, le climatclimat de la TerreTerre était plus chaud qu'il ne l'est aujourd'hui. Le niveau global de la mer était plus élevé. Les glaciers plus discrets. Pour savoir plus précisément à quel point, les chercheurs ont travaillé sur les coquillages et les os trouvés sur ce qui était alors des plages. Avec pour objectif de donner un âge à ces plages. Pour reconstituer les changements de niveau de la mer à l'échelle locale.

    Les glaciers de l’Antarctique sont-ils perdus ?

    Parce que même si la fonte des glaces fait monter le niveau de la mer dans le monde, celui-ci a diminué du côté de l'ouest Antarctique. En effet, les glaciers ont tendance à peser sur la terre. Et lorsqu'ils fondent, la terre a tendance à « remonter ». Résultat, celles qui étaient par le passé des plages en bordure de mer se retrouvent désormais bien au-dessus de ce niveau.

    Les analyses des chercheurs montrent aujourd'hui que le niveau relatif de la mer du côté de l'ouest Antarctique a constamment baissé au cours de ces 5.500 dernières années. Une conséquence de la fontefonte des glaces qui s'est produite juste avant cette époque. De quoi apporter un peu plus de précision à des modèles qui restaient jusqu'alors un peu grossiers.

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    Antarctique : un important glacier pourrait atteindre un point de non-retour et provoquer une montée des eaux de 3 m !

    Mais ce que l'équipe note surtout, c'est que le rythme de cette baisse était alors presque 5 fois inférieur à celui mesuré aujourd'hui. Et les chercheurs interprètent ce résultat comme la preuve d'une rapide fonte des glaces depuis quelques années. Avec un rythme qui a tout simplement doublé au cours des 30 dernières années. Du jamais vu ces 5.500 dernières années !

    Trop tard pour arrêter l’hémorragie ?

    « Ces vitessesvitesses de fonte des glaces pourraient laisser penser que ces glaciers de l'Antarctique ouest ont franchi un point de non-retour, entraînant une accélération du flux dans l'océan potentiellement désastreuse pour le niveau de la mer. Nous devons maintenant de toute urgence déterminer s'il est trop tard pour arrêter l'hémorragie », commente Dylan Rood, chercheur, dans un communiqué de l’Imperial College London.

    Pour ce faire, les chercheurs comptent aller forer les glaciers et collecter les roches qui se cachent dessous. Elles pourraient livrer des indices sur la réversibilité du phénomène. Une question d'autant plus importante lorsque l'on sait que les scientifiques estiment que la fonte des glaces de la région pourrait mener à une élévation globale du niveau de la mer... de plus de 3 mètres !