Vague de chaleur : « Le réchauffement climatique est un voyage sans retour », selon le membre du Giec François Gemenne

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François Gemenne, climatologue, professeur à Sciences Po Paris et à Liège, membre du Giec, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, ce mercredi 15 juin. Il tient à éveiller les consciences sur l’impact du réchauffement climatique, à l’heure où la France connaît une vague de chaleur.

Végétaliser les villes avec des arbres très feuillus et peindre en blanc le toit des bâtiments peuvent être des solutions

Alors que les vagues de chaleur se multiplient depuis quelques années en France, le climatologue François Gemenne prévient : « ces évènements considérés jadis comme exceptionnels sont appelés à devenir la norme ». Il appelle donc à « une vraie réponse politique », passant par un investissement massif. Il insiste sur le fait que le changement climatique est « un voyage sans retour » : « il faut dire la vérité aux gens, il n’y aura pas de retour en arrière, nous ne reviendrons pas au climat d’avant ». Une baisse des températures est toutefois envisageables, estime-t-il, mais pas avant la fin du siècle, et l’enjeu est crucial : « chaque tonne de CO2 va faire une différence ». François Gemenne assure qu’il faudra non seulement réduire nos émissions, mais aussi nous adapter à l’impact du réchauffement climatique. « Cela veut dire qu’il faut un plan massif de rénovation énergétique des habitations pour que les logements soient mieux isolés », poursuit-t-il, « végétaliser les villes avec des arbres très feuillus, revoir l’architecture de certains bâtiments, et peindre en blanc le toit de certains immeubles ».

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« Le réchauffement climatique a un impact sur la productivité des travailleurs »

Quid alors de la climatisation, solution controversée pour faire baisser la températures des bâtiments ? C’est une solution de « mal-adaptation », explique François Gemenne, « qui répond au problème dans l’immédiat, mais va l’aggraver, notamment parce que les climatiseurs sont très énergivores ». Le membre du Giec ne veut pour autant pas « stigmatiser les gens ou les faire culpabiliser, c’est pour certains une nécessité vitale, par exemple pour les personnes âgées ou avec des pathologies chroniques ». Autre sujet crucial évoqué par le climatologue, l’impact du réchauffement climatique sur la productivité des travailleurs : « d’un point de vue strictement économique, strictement utilitariste, c’est aussi un enjeu fondamental ». Malgré ces constats très sévères, François Gemenne estime qu’il faut garder espoir, « mais que cet espoir soit bien placé ». « Il faut abandonner l’espoir qu’on puisse revenir en arrière, parce que ça ne créera que des désillusions », juge-t-il, mais « nous pouvons encore limiter le changement climatique à des niveaux raisonnables ; il faut jeter toutes nos forces dans la bataille ».

Béatrice Mouedine

 

Retrouvez l’invité de la matinale