Le nombre d’avortements aux États-Unis a augmenté, inversant la baisse observée depuis 30 ans, selon un nouveau rapport.

La hausse a commencé en 2017 et, à partir de 2020, une grossesse sur cinq, soit 20,6 %, se termine par un avortement, selon le rapport de l’Institut Guttmacher, un organisme de recherche qui soutient le droit à l’avortement. En 2017, 18,4 % des grossesses se sont soldées par un avortement.

L’institut, qui collecte des données en contactant chaque service d’avortement américain connu, a indiqué que le nombre d’avortements a augmenté à 930 160 en 2020 contre 862 320 en 2017. Ce nombre a progressé dans toutes les régions du pays : de 12 % dans l’Ouest, de 10 % dans le Midwest, de 8 % dans le Sud et de 2 % dans le Nord-Est.

Globalement, le taux d’avortement a augmenté en 2020 pour atteindre 14,4 pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans contre 13,5 avortements pour 1000 femmes en 2017, soit une augmentation de 7 %, selon le rapport.

Le rapport précise que pendant cette période, les naissances à l’échelle nationale ont diminué de 6 %.

Moins de personnes tombent enceintes et, parmi celles qui le font, une plus grande proportion choisit d’avorter.

Extrait du rapport de l’Institut Guttmacher

Ces nouvelles données apparaissent alors que la Cour suprême devrait bientôt rendre un arrêt qui pourrait effectivement annuler la norme Roe c. Wade qui a rendu l’avortement légal aux États-Unis depuis près de 50 ans.

Photo EVELYN HOCKSTEIN, archives REUTERS

Des militantes pro-choix rassemblées devant la Cour suprême des États-Unis à Washington, le 13 juin dernier, à la suite de la fuite d’un document sur le droit à l’avortement

Si cela se produit, environ la moitié des États devraient rapidement interdire ou restreindre fortement l’avortement, tandis que d’autres États se préparent à élargir l’accès aux patientes des États qui rendent l’avortement impossible.

Avortement et planification familiale

Le rapport suggère plusieurs raisons pour expliquer l’augmentation du nombre d’avortements, notamment des tendances qui touchent directement les personnes pauvres et à faible revenu, la population la plus susceptible de recourir à l’avortement ces dernières années. Certains États ont élargi la couverture Medicaid pour l’avortement, selon le rapport, et les fonds pour l’avortement qui fournissent une aide financière aux patients se sont développés ces dernières années.

Un autre facteur peut avoir été la politique de l’administration Trump visant à empêcher les groupes qui recevaient des fonds de planification familiale de mentionner l’option de l’avortement aux patientes, ce qui a poussé Planned Parenthood et plusieurs gouvernements d’État à refuser ce financement. Cela peut avoir réduit l’accès à d’autres services de planification familiale, y compris la contraception, pour les personnes à faible revenu, et conduit à davantage de grossesses non désirées, selon le rapport Guttmacher. L’administration Biden a depuis annulé la politique de l’ère Trump.

L’accès à l’avortement protégé malgré les restrictions et la pandémie

L’augmentation du nombre d’avortements est survenue à un moment où de nombreux États conservateurs promulguaient des restrictions. Mais le rapport indique que si 25 États ont promulgué 168 restrictions entre 2017 et 2020, certaines ont été arrêtées par des contestations judiciaires et beaucoup ont été promulguées par des États qui avaient déjà de nombreuses restrictions, de sorte que les nouvelles lois pourraient ne pas avoir empêché beaucoup plus d’avortements.

Parallèlement, d’autres États ont adopté 75 dispositions visant à protéger ou à élargir l’accès à l’avortement.

Ces dispositions ont notamment exigé que les assurances couvrent l’avortement et autorisé les infirmières praticiennes, les assistants médicaux et les infirmières sages-femmes certifiées à fournir certains services d’avortement, selon le rapport.

Les données incluaient la majeure partie de la première année de la pandémie de coronavirus. Le rapport indique que si l’accès à l’avortement a été perturbé dans certains États au cours de cette période, tant en raison des tentatives d’interdiction que des épidémies et des limites imposées aux soins médicaux en personne, certains États ont maintenu l’accès à l’avortement. En outre, pendant une partie de l’année 2020, la décision d’un juge a permis que les pilules abortives, qui représentent plus de la moitié des avortements du pays, soient envoyées par courrier aux patientes — une pratique que la Food and Drug Administration a rendue permanente en décembre 2021.

Les conclusions du rapport concordent avec les données les plus récentes des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui ont constaté une légère augmentation du nombre d’avortements de 2018 à 2019, dernière année pour laquelle les CDC disposaient de données. Les données des CDC, qui sont recueillies auprès des agences sanitaires des États, ne comprennent pas les informations de la Californie, du Maryland et du New Hampshire.

La version intégrale de ce texte a été publiée dans le New York Times.

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