Livreurs à domicile: les Français prêts à payer plus pour qu'ils obtiennent de meilleures conditions de travail

Ils ont envahi les rues des villes avec leurs vélos et leurs sacs isothermes. Ils viennent livrer à domicile vos plats commandés en ligne, ils sont des milliers et sont la cheville ouvrière indispensable des géants de la livraison à domicile que sont Deliveroo, Uber Eats ou encore Just Eat.

Pourtant, le statut des livreurs à domicile est, on le sait, plus que précaire. Dans la plupart des cas, ces travailleurs ont un statut d'auto-entrepreneur et sont peu protégés et mal payés. Mais les choses évoluent.

Deliveroo a ainsi été condamné pour "travail dissimulé" en ayant employé des livreurs qui auraient dû relever du statut de salariés. La justice fait pression sur ces acteurs internationaux tout comme leurs clients.

Une enquête* menée en France par l'Ifop pour HelloMyBusiness.fr montre ainsi que 93% des Français estiment que les livreurs à domicile, jugés "efficaces et courageux" devraient bénéficier du même statut que les salariés. "Une quasi-unanimité qui transcende les générations, les catégories socio-professionnelles et les appartenances politiques", peut-on lire.

Plus les clients sont modestes, plus ils sont prêts à plus payer les livreurs

9 sur 10 jugent leur métier mal rémunéré, 83% qu’il est difficile, 73% qu'il est dangereux.

Mieux, 78% des clients se disent prêts à payer plus si cela permet d’améliorer leurs conditions de travail et sa rémunération. De quoi donner des idées aux plateformes?

"Dans cette perspective, ce sont les catégories socio-professionnelles les plus modestes, confrontées, elles aussi, à des conditions de travail pénibles et des salaires bas, qui se disent les plus favorables à consentir un effort: 85% ceux qui perçoivent moins de 1300 euros par mois y adhèrent contre 61% chez ceux dont les revenus dépassent 2500 euros", souligne l'étude.

On l'a dit, la livraison à domicile est devenue une habitude pour les Français. Selon une étude de Xerfi, elle pourrait représenter près de 20% de l’activité de la restauration commerciale française en 2024 (contre 15% en 2020).

L'étude de l'Ifop confirme ce constat: près de la moitié (44%) des personnes interrogées disent avoir déjà fait appel à un service de livraison de repas à domicile, un tiers (33%) au moins une fois dans l’année et un quart (23%) au moins une fois par mois.

Un tiers des Français s'est fait livrer au moins une fois dans l'année

Les 18-34 ans sont les plus nombreux (61%) à l’avoir déjà expérimenté, les 25-34 ans sont les plus assidus puisque 20% d’entre eux commandent au moins une fois par semaine.

Et la crise sanitaire a évidemment renforcé l'usage des plateformes, un usage qui s'est maintenu par la suite. 37% des Français disent se faire plus souvent livrer aujourd'hui qu'avant le premier confinement.

Parmi les motivations qui incitent les Français à se faire livrer, le manque de temps est l’item le plus cité: 72% (dont 29% souvent) invoquent cette raison, suivie de très près par la flemme de faire à manger (71%, dont 31% souvent).

Flemme de faire à manger mais aussi flemme pour s'habiller puisque près de la moitié des clients (46%, dont 18% fréquemment), femmes comme hommes à quasiégalité, indiquent avoir déjà ouvert leur porte en étant en pyjama...

*: Enquête menée par l’IFOP pour HelloMyBusiness.fr les 24 et 25 mai 2022 par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population de France métropolitaine.