Environnement

Groenland : découverte d’une nouvelle population d’ours polaires

Un ours polaire dans le sud-est du Groenland en mars 2016

© Kristin Laidre

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Par AFP, édité par Alain Lechien

Des scientifiques ont identifié une nouvelle population d’ours polaires dans le sud-est du Groenland, qui utilise, elle, les morceaux de glace se détachant des glaciers d’eau douce de la région.

Leur découverte, décrite dans une étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, ouvre la possibilité qu’au moins quelques représentants de cette espèce puissent survivre au cours du siècle, sachant que la banquise de l’Arctique devrait finir par complètement disparaître en été.

"L’une des grandes questions est de savoir où les ours polaires vont pouvoir se maintenir", a expliqué Kristin Laidre, scientifique à l’université de Washington et à l’Institut des ressources naturelles du Groenland. "Je pense que les ours évoluant dans un endroit comme celui-là peuvent nous en apprendre beaucoup quant à où cela pourrait être le cas."

Elle et ses collègues ont d’abord passé deux ans à interroger des chasseurs inuits. Puis ils ont commencé leur travail de terrain, conduit entre 2015 et 2021, dans une région sous-étudiée en raison de sa météo imprévisible, ses fortes chutes de neige et ses montagnes.

Isolés

Chaque année, les chercheurs y ont passé un mois, au printemps, en logeant au plus près possible du lieu de vie de ces ours polaires, soit à deux heures d’hélicoptère. Des réserves de carburant devaient être placées sur la route à l’avance.

Cette population compte a priori plusieurs centaines d’individus. Des ours ont été équipés de dispositifs de localisation par satellite, et des échantillons d’ADN ont été récoltés, soit en en capturant certains, soit en utilisant des fléchettes pour réaliser des biopsies.

"Il s’agit de la population d’ours polaires la plus isolée génétiquement sur la planète", selon Beth Shapiro, co-auteure de l’étude et généticienne à l’université de Californie à Santa Cruz. "Nous savons que cette population a vécu séparément des autres ours polaires durant au moins plusieurs centaines d’années."

Contrairement à leurs cousins, ces ours polaires là sont plutôt casaniers, et s’éloignent peu pour chasser.

Leur isolement provient de la géographie de leur lieu de vie : un paysage complexe de fjords sur la pointe sud du Groenland, bien en dessous du cercle arctique, avec nulle part où aller.

A l’ouest, d’impressionnantes montagnes, et à l’est, les eaux du détroit de Danemark, avec un rapide courant le long des côtes, en direction du sud.

"Lorsqu’ils se retrouvent entraînés par ce courant, ils sautent de la glace et marchent pour retourner vers leurs fjords", a expliqué Kristin Laidre. Selon les chercheurs, certains ours ont dû parcourir plus de 150 kilomètres pour rentrer chez eux.

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