Des élèves de Seine-Saint-Denis décrochent un brevet contre le sexisme. Une première.

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Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 2 ans.

Dans une poignée de semaines, les collégiennes et collégiens de France passeront les épreuves de français, de mathématiques ou d’histoire-géographie en vue de leur brevet des collèges. Mais les élèves de douze établissements de Seine-Saint-Denis peuvent déjà célébrer l’obtention d’un autre brevet : celui qui atteste de leurs connaissances en matière de lutte contre les comportements sexistes et violents. Une première en France. Pascale Labbé, vice-présidente du département, aimerait voir ce dispositif étendu dans le reste de la France. Interview.

L’instauration d’un brevet contre les violences sexistes et sexuelles dans les collèges : telle est l’une des demandes du collectif féministe Nous Toutes pour lutter contre le sexisme. À l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, en novembre 2021, le collectif avait déclaré au Monde : « Il faut apprendre aux plus jeunes ce qu’est le consentement, et que tous les collégiens ou lycéens passent un brevet d’éducation à la non-violence, sur le même modèle que [celui de] la sécurité routière. » Dans le département de Seine-Saine-Denis, c’est désormais chose faite : le 9 juin, le tout premier brevet départemental de lutte contre les comportements sexistes et violents a été remis à Montreuil aux collégiennes et collégiens de la Seine-Saint-Denis. Au total, 12 collèges ont participé à l’opération et 920 élèves, sur 1046, ont décroché leur diplôme.

Pour valider l’épreuve, ils et elles devaient obtenir 15/20 en répondant à un questionnaire sur les violences conjugales, le cybersexisme, la date du droit de vote des femmes en France ou encore les stéréotypes de genre. Ces questions ont été choisies avec pour objectif de confirmer les connaissances des élèves acquises durant les années précédentes.

Un dispositif pour repérer les violences

« Cela fait trois ans que l’on travaille sur ce questionnaire et quinze qu’on forme les jeunes contre le sexisme dans le département », explique à POSITIVR Pascale Labbé, vice-présidente du département de la Seine-Saint-Denis en charge de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes et de l’égalité femmes-hommes. « Comme l’égalité filles-garçons est dans le programme de l’Éducation nationale, on a voulu mettre un brevet à disposition des jeunes, que leurs connaissances puissent leur apporter quelque chose. C’est aussi un outil pour constater des points à améliorer de notre côté dans la façon dont on procède. »

Ce brevet s’inscrit dans le cadre du dispositif « Jeunes contre le sexisme », porté par le département de la Seine-Saint-Denis. En plus d’informer les jeunes sur les différents types de violences et de les sensibiliser au sexisme, il s’agit aussi pour le département de repérer les violences chez les élèves ou dans leur famille. « Plus on met du temps à repérer les violences chez nos jeunes, plus les conséquences seront importantes une fois qu’ils ou elles seront adultes », explique Pascale Labbé, qui alerte alors sur le phénomène de prostitution des jeunes filles, de plus en plus important, selon elle.

À terme, le département aimerait instaurer ce même type d’outils au sein des écoles maternelles et élémentaires, dont la responsabilité revient aux villes, et dans les lycées, régis de leurs côtés par les Régions. « On aimerait bien que l’Éducation nationale prenne ce sujet à bras-le-corps et généralise le dispositif dans tous les collèges du département mais aussi dans le reste de la France », explique la vice-présidente, avant de souligner le manque de temps des enseignantes et enseignant. « Avec le nouveau système, même si l’égalité est au programme de l’Éducation nationale, ils et elles n’ont pas vraiment le temps de se pencher sur le sujet. C’est au bon vouloir des professeurs », conclut-elle.

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