Un nouveau rapport de l’OCDE estime que d’ici 2060, la production plastique et les déchets vont tripler, faute de politiques ambitieuses en la matière. Or le plastique est déjà présent partout, dans les océans, les cours d’eau, les sols et même dans notre organisme. Cela suppose de réduire fortement notre consommation mais aussi d’améliorer sa collecte et son recyclage. La quantité de plastique accumulée dans l’économie a déjà été multipliée par trois depuis 1950 et représente désormais près de 9 milliards de tonnes, soit l’équivalent d’un million de Tour Eiffel ou de 60 000 baleines bleues…

Au rythme actuel, si rien ne change, les déchets plastiques au niveau planétaire devraient presque tripler d’ici 2060, selon une nouvelle étude de l’OCDE, publiée début juin. En l’absence de nouvelles politiques audacieuses, la consommation mondiale de plastique passera de 460 millions de tonnes (Mt) en 2019 à 1 231 Mt en 2060, et augmentera ainsi plus vite que celle de la plupart des matières premières. Cette croissance sera la plus rapide dans les pays en développement et émergents d’Afrique et d’Asie, mais les pays de l’OCDE continueront de produire bien plus de déchets plastiques par personne que les pays non-membres.
“Si nous voulons un monde sans pollution plastique, conformément aux ambitions de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement, nous devrons prendre des mesures beaucoup plus strictes et coordonnées à l’échelle mondiale”, alerte le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. “Ce rapport propose des politiques publiques concrètes qui peuvent être mises en œuvre tout au long du cycle de vie des plastiques et qui pourraient considérablement réduire – et même éliminer – les rejets de plastiques dans l’environnement.”
Infog dechets plastique OCDE OK

Deux scénarios pour relever l’ambition


L’OCDE a mis au point deux scénarios pour inverser la tendance. Le premier, appelé scénario d’action régionale permettrait de rehausser l’ambition principalement dans les pays de l’OCDE. Cela permettrait de faire baisser de près d’un cinquième la production de déchets plastiques et de plus de moitié les rejets de plastique dans l’environnement, “sans avoir un impact substantiel sur le PIB mondial, qui serait réduit de 0,3% d’ici 2060“, note l’OCDE.
Le second, appelé scénario d’action mondiale, comporte l’application de politiques plus rigoureuses à l’échelle planétaire, qui pourraient réduire les déchets plastiques d’un tiers et éliminer presque entièrement les rejets dans l’environnement, et ce au prix d’une baisse du PIB mondial d’environ 0,8 %. Parmi les leviers proposés, il y a l’application de taxes sur les plastiques, y compris sur les emballages en plastique, la création d’incitations au réemploi et à la réparation des articles en plastique, la mise en place d’objectifs de contenu recyclé dans les produits neufs ou encore l’amélioration des taux de collecte des déchets.
Au niveau mondial, 175 pays, réunis par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE), ont voté début mars une résolution ouvrant la voie à un traité mondial de lutte contre la pollution plastique d’ici 2024. Ce texte juridiquement contraignant est considéré comme la principale avancée en matière d’environnement depuis l’accord de Paris en 2015 mais la route s’annonce longue. Le mandat prévoit d’élaborer des mécanismes de contrôle ainsi que des financements pour les pays pauvres et de coopérer avec le secteur privé, alors que le plastique est une industrie qui pèse des milliards.
Concepcion Alvarez @conce1

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