Vous avez prévu des randonnées cet été ? Alors n'oubliez pas d'emmener une cuillère à soupe. Pour déjeuner, certes, mais aussi pour récolter, sur votre chemin, une petite quantité de terre. Celle-ci pourrait permettre aux scientifiques de découvrir de nouvelles molécules et donc, peut-être de nouveaux médicaments.
Un programme pour lutter contre l'antibiorésistance
Le 23 juin 2022, des chercheurs d’Université Paris Cité et de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), regroupés au sein du laboratoire Évolution et Ingénierie des Systèmes Dynamiques au Learning Planet Institute, ont lancé la campagne de recherche participative "Science à la pelle". En toile de fond de cette opération, l'antibiorésistance. Nombreuses sont les maladies infectieuses, causées par des bactéries, des virus ou des champignons pathogènes, qui développent une résistance aux médicaments actuellement sur le marché.
Le seul moyen de les contrer est de trouver de nouvelles molécules, un travail fastidieux. "De nombreux médicaments utilisés aujourd’hui sont issus de molécules produites naturellement par les bactéries contenues dans les sols. C’est le cas de la grande majorité des antibiotiques, mais également un certain nombre d’anticancéreux et d’immunosuppresseurs", rappelle l'Inserm dans un communiqué. "Cependant, seule une infime portion de ces bactéries a été étudiée en laboratoire", ajoute l'institut. Il faut donc fouiller la terre afin de découvrir des molécules plus rares.
Une cuillère à soupe, un smartphone et une pochette plastique
C'est ici que le programme de recherche participative entre en jeu. Tout au long de l'été, en France métropolitaine et en Corse, les citoyens sont invités durant leurs randonnées et autres promenades, à prélever une cuillère à soupe de terre, à déposer l'échantillon dans une pochette plastique annotée puis à l'envoyer aux chercheurs (l'intégralité du protocole est disponible sur le site du projet). Il faut également renseigner, sur l’application disponible aussi sur le site du projet, les coordonnées et une photo du lieu de prélèvement (sont interdits les lieux suivants : les cimetières, à proximité d’élevages, les propriétés privées, les zones industrielles et militaires). Les scientifiques vont ensuite isoler les bactéries présentes dans l'échantillon et analyser leur ADN afin de découvrir de potentielles séquences capables de produire des molécules inconnues.
Si le protocole peut paraître particulièrement simpliste, il peut se révéler très efficace. Un seul gramme de terre contient souvent plus de 1.000 espèces de bactéries différentes, selon l'Inserm. Et bien sûr, elles peuvent être différentes selon la région du prélèvement. En centralisant des milliers d'échantillons issus de toute la France, les chercheurs espèrent rapidement arriver à leurs fins et découvrir de nouvelles bactéries porteuses de molécules rares. Ils "analyseront tous les prélèvements reçus et présenteront aux participants les résultats de leurs recherches", assure l'institut.