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À l’Assemblée, le Rassemblement national compte des députés anti-avortement

Plusieurs des nouveaux députés du Rassemblement National ont tenu des propos anti-avortement. Le RN va devoir se positionner sur la question, alors que la question a été relancée en France par la décision de la Cour Suprême des États-Unis vendredi. 

Robin D'Angelo , Mis à jour le
Marine Le Pen lors de l'accueil des nouveaux députés RN à l'Assemblée, mercredi.
Marine Le Pen lors de l'accueil des nouveaux députés RN à l'Assemblée, mercredi. © AFP

Et voilà le Rassemblement national (RN) qui pourrait déjà être cornerisé à l’extrême droite de l’hémicycle, six jours seulement après avoir envoyé 89 députés à l’Assemblée nationale. En déposant hier une proposition de loi constitutionnelle pour sanctuariser le droit à l’IVG, le gouvernement force le parti à flamme à se positionner sur un sujet qui pourrait abîmer ses tentatives pour se dédiaboliser. Si les dirigeants du parti se relaient pour rappeler que le RN « n’a jamais souhaité revenir sur l’avortement », à l’instar de Sébastien Chenu, Marine Le Pen a en effet envoyé au Palais-Bourbon plusieurs militants anti-avortement.

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Parmi eux, Caroline Parmentier, l’une de ses plus proches collaboratrices. Longtemps rédactrice du journal catho-traditionnaliste Présent et propulsée dimanche députée du Pas-de-Calais, elle signait, entre autres, un article en mai 2018 dans lequel elle regrettait qu’« après avoir "génocidé" les enfants français à raison de 200 000 par an (le nombre d’avortement en France, ndlr), on doit maintenant les remplacer à tour de bras par les migrants ». Élu dans le Vaucluse, Hervé de Lépinau, n’est pas en reste. En octobre 2020, il comparait sur Twitter l’avortement à 14 semaines « aux génocides arméniens et rwandais, à la Shoah, aux crimes de Daesh » et expliquait que « l’IVG reste un délit (très largement dépénalisé) donc un acte intrinsèquement mauvais ». Le 27 novembre 2014, pour les 40 ans de la loi Veil, il écrivait : « sinistre anniversaire. Hommage aux millions de victimes de l’avortement. Non à la culture de la mort, oui à la vie. » Lors de La Marche pour la vie 2011, le député RN de la Haute-Marne, Christophe Bentz, affirmait, lui, au média Nouvelles de France que « l’avortement est un génocide de masse. » « L'embryon a des perceptions, ce n'est pas une tête d'épingle », estimait de son côté Philippe Ballard, le député de l’Oise, lors d’un entretien au JDD en novembre 2021. Il justifiait ainsi son opposition à l’allongement du délai d’IVG de 12 à 14 semaines. Enfin, la porte-parole Laure Lavalette, élue dans le Var, signait en 2014 un texte, exhumé par Libération, demandant à « abroger, à terme, le droit à l’avortement ».

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Marine Le Pen entretien une position ambigüe

Marine Le Pen elle-même entretient une position ambigüe sur l’IVG. En 2012, ses propos sur « les avortements de confort » avaient entraîné une polémique. Plus récemment, à l’automne 2021, elle s’était élevée contre l’allongement du délai d’IVG, dénonçant une « dérive idéologique ». « La réalité est que ce changement de deux semaines est un changement très important, avait-elle précisé au JDD. L'acte n'est pas le même. Il est beaucoup plus traumatisant pour les femmes et les médecins. Il y a très certainement un certain nombre de médecins, qui acceptaient de faire des IVG jusqu'à 12 semaines, et qui refuseront de les faire jusqu'à 14 semaine. Ça va réduire le nombre de praticiens. C'est une erreur commise au détriment des femmes pour des raisons idéologiques. » Marine Le Pen défend également la politique de son allié au Parlement européen, le PiS, qui a interdit l’avortement en Pologne, hormis si la grossesse résulte d’un viol ou met en danger la vie de femme. « C'est la liberté du peuple polonais qui est fondée sur la spécificité de la Pologne, son histoire, l'imprégnation de la religion catholique », expliquait-elle lors du même entretien.

Contrairement à l’immense majorité de la classe politique, le RN n’a pas désapprouvé l’annulation de l’arrêt Wade vs. Roe aux Etats-Unis, qui révoque le droit à l’avortement au niveau fédéral. « Le gouvernement instrumentalise ce qui relève de la politique intérieure américaine pour faire diversion : où sont ses plans d’urgence pour le pouvoir d’achat et contre l’immigration ? » a éludé sur Twitter son président par intérim Jordan Bardella. En attendant les votes de ses députés.

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