La fabrication de drogues pourrait tirer profit de la guerre en Ukraine pour prospérer, a averti l’ONU lundi. « Les informations du Moyen-Orient et de l’Asie du sud-est tendent à indiquer que les situations de conflit peuvent agir comme un aimant pour la fabrication de drogues synthétiques », souligne l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) dans son rapport annuel.

« Cet effet peut être encore plus important quand la zone de conflit se trouve près de vastes marchés de consommateurs », comme c’est le cas de l’Ukraine, ajoute-t-il.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine disposait d’un nombre croissant de laboratoires d’amphétamines, précise l’experte Angela Me. Près de 80 avaient été démantelés en 2020, contre 17 en 2019. Cette capacité de production « pourrait s’étendre si le conflit persistait » car « la police n’est plus là pour stopper l’activité des laboratoires », explique-t-elle. La guerre peut aussi « perturber les itinéraires de trafic », note le rapport, citant un possible déclin en Ukraine depuis début 2022.

« Double stigmatisation » des femmes toxicomanes

Angela Me appelle par ailleurs à surveiller la situation en Afghanistan, qui a produit 86 % de l’opium mondial au cours de l’année 2021. Autre chiffre notable : la production de cocaïne a affiché un nouveau record, s’élevant à 1 982 tonnes en 2020.

En avril, le chef suprême des talibans a ordonné l’interdiction de la culture du pavot. « Nous devons voir si cela va se traduire par une réduction drastique », souligne l’experte, ou si au contraire les champs illicites vont se développer en raison de la détérioration des conditions socio-économiques dans ce pays.

Tout changement aura « des répercussions sur quasiment toutes les régions du monde », prévient l’ONU. Quelque 284 millions de personnes dans le monde - une sur 18 parmi les 15-64 ans - ont touché à des drogues en 2020, soit 26 % de plus qu’une décennie plus tôt. Si la majorité des usagers sont des hommes, les femmes recourent fortement aux stimulants de type amphétamines (ATS) mais sont « sous-représentées dans le traitement », déplore Angela Me.

Elle évoque « une double stigmatisation » et la nécessité de mettre en place des lieux où elles se sentent « en sécurité » et peuvent rester avec leurs enfants.