Les salaires des fonctionnaires augmenteront de 3,5 % dès le 1er juillet, a annoncé mardi 28 juin le ministre de la fonction publique, Stanislas Guerini. « L’augmentation la plus importante depuis trente-sept ans », s’est-il félicité soulignant « des conséquences visibles sur la feuille de paie des agents publics ».

Et de donner des exemples pour cette augmentation qui sera effective dès le 1er juillet (mais se verra sur la rémunération d’août) : 57,3 € par mois (687 € par an) pour une secrétaire de mairie avec quinze ans d’ancienneté ; 62 € par mois (744 € par an) pour un professeur des écoles avec sept ans d’ancienneté ; 91,1 € par mois (1 093 € par an) pour un infirmier anesthésiste…

Le coût pour les finances publiques ne sera pas négligeable : près de 7,5 milliards d’euros supplémentaires par an, dont 2,3 milliards pour les collectivités territoriales, 2 milliards pour les hôpitaux et 3,2 milliards pour l’État.

« Cela reste en dessous de l’inflation attendue en fin d’année »

« Nous sommes déçus par la faiblesse de l’augmentation, tempère néanmoins Céline Verzeletti, secrétaire générale de l’UFSE-CGT. Cela ne va pas permettre de répondre aux difficultés de pouvoir d’achat des millions de fonctionnaires, car 3,5 %, cela reste en dessous de l’inflation attendue à 7 % ou 8 % en fin d’année. »

Stanislas Guerini, qui n’exclut pas de nouvelles discussions salariales à la fin de l’année si l’inflation devait se renforcer, note toutefois que l’augmentation du point d’indice n’est qu’un élément des mesures prises par le gouvernement envers les fonctionnaires.

« Ces 3,5 % s’ajoutent au 1,5 % d’augmentations individuelles dont ont bénéficié les fonctionnaires en 2022 grâce à l’avancement automatique d’échelon, rappelle-t-il. Cela fait 6 % d’augmentation en moyenne pour les fonctionnaires cette année. »

Une série d’autres mesures

Le traitement des fonctionnaires est en effet calculé en multipliant le point, qui vient donc d’être réévalué, par un indice auquel chaque fonctionnaire est attaché en fonction de son grade et de son échelon ; tous les ans, en début de carrière, tous les deux ou trois ans ensuite, le fonctionnaire avance en échelon.

D’autres mesures d’urgence ont également été prises pour préserver le niveau de vie des fonctionnaires : maintien en 2022 de la garantie individuelle de pouvoir d’achat qui permet de compenser la perte de pouvoir d’achat sur les quatre dernières années, extension du forfait mobilités durables pour le transport, augmentation de 7 % de la prise en charge par l’État des repas dans les restaurants administratifs, revalorisation des premiers échelons des fonctionnaires de catégorie B.

Le tout coûtera 780 millions d’euros à l’État, auxquels s’ajoutent les 450 millions d’euros que coûte la nouvelle prise en charge de la complémentaire santé des fonctionnaires et diverses mesures de revalorisation de la fonction publique d’État à hauteur d’un milliard d’euros décidées en début d’année.

Repenser le système de rémunération des fonctionnaires

« L’augmentation du point d’indice est un premier pas, mais tout ne se joue pas là-dessus », prévient Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques qui se félicite de l’ouverture prochaine de discussions plus larges sur le système de rémunération des fonctionnaires, notamment la révision des grilles d’indice.

Une urgence : avant cette augmentation du point d’indice, 700 000 des 5,7 millions d’agents publics percevaient un salaire de base inférieur au smic (compensé ensuite par un complément indiciaire de traitement pour l’amener au niveau du smic). « Désormais, le traitement minimal est juste au-dessus du smic : mais il sera dépassé lors de la prochaine augmentation qui ne devrait pas tarder », met en garde Céline Verzeletti de la CGT.

« C’est tout le chantier qui nous attend : repenser complètement le système de rémunération et le déroulement des carrières de la fonction publique pour la rendre plus attractive », reconnaît Stanislas Guerini. Il espère pouvoir ouvrir des discussions dès l’automne, et conclure avec les syndicats après les élections professionnelles de la fonction publiques prévues en décembre.