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Amineh Kakabaveh, l’égérie suédoise du Kurdistan

Députée sans étiquette, cette ancienne peshmerga, d’origine kurde iranienne, est citée par le président turc Erdogan pour justifier son refus d’accepter l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Par  (Stockholm (Suède), correspondante régionale)

Publié le 27 juin 2022 à 21h00

Temps de Lecture 4 min.

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Amineh Kakabaveh, à Stockholm, Suède, le 7 juillet 2021.

Son téléphone portable n’arrête pas de sonner. Députée indépendante, Amineh Kakabaveh n’a ni secrétaire ni assistant parlementaire. C’est elle qui gère ses rendez-vous. Elle avait prévu de faire l’interview à la cantine du Parlement, mais se ravise et propose d’aller dans son bureau, « pour ne pas être dérangée ». Il est 11 heures, mardi 21 juin, et tous les journalistes politiques suédois la traquent, pour savoir si elle va soutenir le budget du gouvernement social-démocrate de Suède, le lendemain – ce qu’elle fera.

Cette popularité soudaine, Amineh Kakabaveh la doit à un étrange concours de circonstances, dû à son départ du parti de la gauche, en août 2019. Entre deux blocs, pourvus de 174 sièges chacun, l’ancienne combattante peshmerga, d’origine kurde iranienne, marxiste et féministe, se retrouve en position de faire et défaire les majorités au Parlement. Mais c’est la candidature de la Suède à l’OTAN qui la projette sur le devant de la scène.

A peine le royaume avait-il déposé sa demande d’adhésion, le 18 mai, que le président turc Recept Tayyip Erdogan annonce qu’il y mettra son veto. Il accuse la Suède d’héberger des « terroristes » et constate que certains « siègent même au Parlement ». Parmi les huit députés d’origine kurde, Amineh Kakabaveh se sait visée.

Le 20 mai, dans une interview à la radio suédoise, l’ambassadeur de Turquie à Stockholm, Emre Yunt, confirme. Il dénonce l’accord qu’elle a passé avec les sociaux-démocrates, le 23 novembre 2021, avant l’élection de Magdalena Andersson au poste de premier ministre. En échange de son vote, la députée a obtenu notamment que le parti juge « inacceptable » le fait que des « acteurs étatiques » – comme la Turquie – qualifient les sympathisants des milices kurdes syriennes (YPG, Unités de protection du peuple) de « terroristes ». M. Yunt ne cache pas qu’il souhaiterait la voir extradée en Turquie, « si c’est possible », dit-il, avant de se rétracter le lendemain.

« Couardise » de « la classe politique »

« J’ai d’abord cru que c’était une blague, je ne suis même pas turque », s’esclaffe la députée, petite robe colorée et sandales compensées, une cascade de boucles noire lui dégringolant sur les épaules. Mais les propos de l’ambassadeur ne l’étonnent pas. Depuis qu’elle utilise régulièrement son temps de parole au Parlement suédois comme tribune pour dénoncer la répression des Kurdes par le régime d’Erdogan, Amineh Kakabaveh est devenue l’une des bêtes noires du président turc.

En Suède, terre d’exil pour 100 000 Kurdes, originaires de Turquie, de Syrie, d’Iran et d’Irak, ses positions étaient relativement consensuelles, jusqu’à la candidature du pays à l’OTAN. Depuis, son statut de députée sans étiquette et l’influence qu’elle a su en tirer suscitent l’agacement de ses collègues et la haine, sur les réseaux sociaux, où ses opposants se délectent de l’expression « sauvage politique »« polititisk vilde » – utilisée pour qualifier un député indépendant. « Mais j’ai aussi reçu des milliers de messages de soutien », affirme-t-elle.

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