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Guerre en Ukraine : l'Inde durcit un peu son discours vis-à-vis de Poutine

Les puissances occidentales du G7 ont condamné ce mardi l'invasion « illégale » de l'Ukraine par la Russie. Cinq pays émergents, dont l'Inde, invités au sommet, ont accepté d'être associés à ce communiqué sans pour autant condamner directement le Kremlin.

Narendra Modi, le Premier ministre indien, a toujours cherché à ménager son allié russe
Narendra Modi, le Premier ministre indien, a toujours cherché à ménager son allié russe (Markus Schreiber/POOL/AFP)

Par Clément Perruche

Publié le 28 juin 2022 à 18:07Mis à jour le 28 juin 2022 à 18:36

L'Inde poursuit son numéro d'équilibriste. Le G7, réuni en sommet depuis dimanche , a condamné ce mardi dans un communiqué l'invasion « illégale » de l'Ukraine par la Russie. Cinq pays émergents (Afrique du Sud, Argentine, Inde, Indonésie et Sénégal) invités pour l'occasion ont accepté d'être cités dans le communiqué final du G7, mais pas dans la partie consacrée à l'Ukraine. Une position alambiquée qui leur permet de montrer leur désapprobation des actions du Kremlin, au vu sans doute des crimes de guerre désormais incontestables, sans pour autant condamner sans ambiguïté la Russie...

Pays traditionnellement non-aligné, l'Inde ajuste ainsi de manière subtile la position qu'elle tient depuis le début de la guerre en Ukraine, sans pour autant franchir la ligne jaune d'un blâme de la Russie. Le 25 mars, New Delhi s'était abstenu comme 34 autres pays, dont le Sénégal et l'Afrique du Sud, de voter une résolution de l'Assemblée générale de l'Onu exigeant un arrêt immédiat des hostilités russes contre l'Ukraine. L'Inde a de nouveau botté en touche le 7 avril lors d'un vote prévoyant l'exclusion de la Russie du Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

New Delhi n'a d'ailleurs pris aucune initiative de sanctions à l'encontre du Kremlin. « Nous n'avons jamais appliqué d'autres sanctions que celles décidées par les Nations unies », faisait valoir Jawad Ashraf, l'ambassadeur d'Inde en France, aux « Echos » début mai . Et Narendra Modi, le Premier ministre indien, s'était jusque-là contenté de déplorer la crise humanitaire et alimentaire provoquée par le conflit.

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Ne pas froisser l'allié russe

Pour New Delhi, l'objectif est double. Il s'agit, d'un côté, de satisfaire les exigences occidentales et, de l'autre, de ne pas froisser Moscou. Car la Russie est, à ce jour, son premier fournisseur d'armements. Ce matériel militaire est notamment déployé le long des frontières du Cachemire, région disputée par le Pakistan et la Chine.

La Russie a également le pouvoir, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, de bloquer toute résolution sur la région du Cachemire. Elle est par ailleurs potentiellement utile pour contenir l'influence grandissante du rival chinois. C'est donc, pour l'Inde, un allié précieux.

Le double jeu de l'Inde

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, les Occidentaux reprochent à l'Inde son ambiguïté, pour ne pas dire plus, vis-à-vis de la Russie. Joe Biden a notamment critiqué une position indienne « un peu faible ». En acceptant de participer à des sommets comme celui du G7, l'Inde fait un petit pas vers les puissances occidentales, dont elle s'est rapprochée ces dernières années pour contrer l'influence de la Chine dans la zone indopacifique.

L'Inde joue cependant sur les deux tableaux. Car de son côté, Moscou veut resserrer les liens commerciaux avec New Delhi. Lors du sommet des BRICS, le 19 juin, Vladimir Poutine a indiqué vouloir envoyer davantage de ses produits vers l'Inde et la Chine pour contourner les sanctions occidentales. Et l'Inde bénéficie déjà de cette nouvelle donne commerciale. Elle achète notamment du pétrole avec forte ristourne à la Russie. Avant l'invasion de l'Ukraine, seulement 1 % des exportations russes de pétrole étaient destinées à l'Inde. En mai 2022, ce montant est passé à 18 %.

Même si l'achat de pétrole russe par l'Inde ne tombe pas sous le coup des sanctions américaines, la Maison-Blanche avait appelé New Delhi à choisir « le bon côté de l'Histoire. « Les décisions de politiques étrangères de l'Inde sont prises dans l'intérêt national et nous sommes guidés par notre réflexion, nos opinions et nos intérêts. Il n'est donc pas question de lier la situation ukrainienne aux questions de commerce », avait balayé le ministre indien des Affaires étrangères.

Clément Perruche

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