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Fatiha Boudjahlat: «Quand Diam's ne peut plus écouter de musique car sa religion le lui interdit»

«J'en veux aux journalistes paternalistes qui ne font pas leur boulot mais se font les attachés de presse d'un courant rigoriste qui tue femmes, homosexuels, trans, filles et chrétiens en Afrique et en Asie», Fatiha Agag-Boudjahla.
«J'en veux aux journalistes paternalistes qui ne font pas leur boulot mais se font les attachés de presse d'un courant rigoriste qui tue femmes, homosexuels, trans, filles et chrétiens en Afrique et en Asie», Fatiha Agag-Boudjahla. BrutX

FIGAROVOX/TRIBUNE. - La chanteuse Diam's a récemment accordé des interviews au média Brut et à l'émission Sept à Huit. Pour Fatiha Boudjahlat, l'attention médiatique dont le retour de l'ex-rappeuse fait l'objet est la preuve de la naïveté toujours plus forte d'un certain journalisme à l'égard d'un islam rigoriste.

Fatiha Agag-Boudjahlat est l'auteur de plusieurs ouvrages remarqués. Elle a notamment publié Combattre le voilement (Cerf, 2019).


Diam's va bien. Elle va mieux depuis que ce n'est plus la rue qui lui dicte ses codes mais le Coran et son application rigoriste. Ouais Ouais. Elle se livre à une entreprise de charme au travers d'un documentaire hagiographique remarqué à Cannes, d'interviews très complaisantes et paternalistes d'Augustin Trapenard ou sur Sept à Huit dimanche dernier. Quelle omniprésence médiatique pour une personne attachée à la pudeur. Quelle complaisance surtout de la part de ces journalistes tout émus de se retrouver face à la Rosa Parks à l'envers: elle, c'est à l'arrière du bus qu'elle veut s'asseoir. Les places de devant étant réservées aux hommes. Je n'en veux pas à Mélanie qui est en campagne de promotion et de prédication. J'en veux aux journalistes paternalistes qui ne font pas leur boulot mais se font les attachés de presse d'un courant rigoriste qui tue femmes, homosexuels, trans, filles et chrétiens en Afrique et en Asie.

Dans un extrait abondamment repris sur les réseaux, Mélanie se désolidarise des femmes afghanes et de toutes celles qui souffrent sous le joug masculin islamiste. Elles ne sont pas heureuses, Mélanie si. Et c'est Mélanie qui compte. Elle, son voile et sa abaya, elle les aime. Elle n'en ressent pas le poids ni les effets que subissent les Iraniennes. Mais Mélanie, l'anomalie, c'est vous, la règle islamique, c'est eux. Et ce n'est pas votre pratique rigoriste de l'islam qui vous garantit votre état de béatitude. C'est votre argent.

Cela me fait penser à Omar Sy expliquant qu'il avait mis à l'abri du racisme ses enfants en s'installant à Los Angeles. Soit dans le pays des tueries de masse, des crimes racistes, de George Floyd et de toutes les victimes de la police. Non, il vit dans un quartier riche clôturé et très protégé. La question est plus sociale qu'ethnique. C'est la richesse qui le protège, ce qu'il n'assume pas. Qui peut croire que la famille de l'acteur serait plus en sécurité aux États-Unis qu'en France ?

Son argent lui permet de vivre confortablement dans un État autoritaire, pratiquant la charia qui est objectivement défavorable aux femmes, aux enfants, et aux homosexuels.

Fatiha Agag-Boudjahlat

Même tartufferie de la part de Mélanie. Son argent lui permet de vivre confortablement dans un État autoritaire, pratiquant la charia qui est objectivement défavorable aux femmes, aux enfants, et aux homosexuels. Le journaliste sur Brut a heureusement fait son interview en France, on ne lui conseille pas d'aller voir la coupe du Monde au Qatar: pour sa sécurité et pour qu'il en reste à sa lecture naïve et disneysque de l'islam rigoriste. Car Mélanie dit que la musique (le fait d'en faire ou juste d’en écouter) est haram. Impie. Impur. Mais elle continue à financer son train de vie avec ses droits d'auteur. Le capitalisme fait bon ménage avec l'islam, elle veut toujours créer une entreprise de pèlerinage à la Mecque, juteux business permis par le pouvoir d'achat des musulmans de France qui montre bien leur intégration et leur élévation sociale. Elle n'est que spiritualité, mais offrira un service de porte à porte là où mon grand-père avait mis plusieurs semaines à se rendre à la Mecque par ses propres moyens, le trajet valant autant que la destination dans un pèlerinage. L'islam 2.0 : rejeter la musique, l'intégration, les droits des minorités au nom d'un texte écrit au VIIème siècle et d'une tradition misogyne et violente accumulée par la suite. Nourrir la paresse, le consumérisme, et la vanité par ce business religieux. Eh bien Mélanie, c'est l'argent et pas l'islam qui vous permet de vivre bien dans votre émirat, vous et votre famille. C'est l'argent qui vous permet de ne pas subir les effets que toutes les femmes musulmanes de là-bas et d'en bas, subissent. Il est en effet très facile de porter la Abaya avec femme de ménage, super baraque, argent qui rentre régulièrement. Enfin, j'imagine que vous vivez dans ces conditions. Peut-être me trompé-je. Et vous avez de la chance d'être mariée à un époux né et ayant vécu en France, donc familiarisé à la civilité française et européenne, aveugle donc dépendant, qui ne constitue pas l'archétype de l'intégriste polygame.

Vous avez le zèle des converties. Mais vous avez grandi dans une famille occidentale qui vous a acceptée dans vos erreurs de jeunesse, votre réussite de rappeuse, et votre conversion. Ces trois choses auxquelles aucun de vos enfants n'aura droit. Cette possibilité du choix. Une carrière artistique. Une vie frivole. Un destin comme le vôtre sera impossible dans votre foyer. La tolérance de votre maman que vous évoquez et que vous remerciez, vous n'en faites pas preuve. Vous condamnez moralement ceux qui écoutent de la musique dans un pays où on condamne tout court ceux qui ne veulent plus être musulmans, ceux qui sont homosexuels, ceux qui s'aiment hors mariage. Un pays raciste qui maltraite les étrangers. Mais vous y êtes heureuse. L'argent fait le bonheur partout.


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148 commentaires
  • PBa

    le

    Dans un pays laïque chaque individu est libre de vivre comme il veut pourvu qu’il ne cherche pas à imposer ses lubies aux autres . Il n’en est pas de même dans les pays islamistes .
    Que Diam ne veuille plus écouter de musique ne me dérange pas pourvu qu’elle ne milite pas pour que l’on impose cela à ceux qui eux veulent en écouter .
    Qu’un ermite vive dans une grotte ne veut pas dire qu’il souhaite que tout le monde retourne à l’âge des pierres, du moins je le souhaite .

  • Phronik

    le

    Pas mon style de lecture mais excellent article.

  • Nemesis

    le

    Personnellement, j'aurais plutôt fait un article vraiment centré sur Brut/Augustin Trapenard et 7 à 8/Audrey Crespo afin de se demander ce qui peut pousser nos journalistes à promouvoir la propagande wahhabite car ça, c'est véritablement incompréhensible.

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