L’annonce faite ce matin par le Premier ministre Kiril Petkov devant le Parlement a provoqué une onde de choc sur la scène politique bulgare : 70 diplomates et employés consulaires russes ont jusqu’au 3 juillet pour quitter le pays. Le Premier ministre sortant a expliqué que ces diplomates ont été identifiés comme des personnes liées aux services russes et travaillant “contre [la] patrie [bulgare]”.

“Il s’agit de 70 personnes, c’est un grand nombre, elles occupaient toutes sortes de postes au sein de l’ambassade de Russie et se livraient à des activités non compatibles avec leurs fonctions diplomatiques. Leur poste diplomatique n’est qu’une couverture”, a-t-il déclaré, félicitant au passage les services de contre-espionnage bulgare pour leur travail.

“Il ne s’agit pas d’une agression contre le peuple russe. Lorsque des gouvernements étrangers tentent de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Bulgarie, nous disposons d’institutions compétentes qui s’y opposent. Dimanche, un avion avec 70 personnes à son bord repartira pour Moscou”.

Selon le quotidien Sega, il s’agit d’une décision “sans précédent” dans l’histoire des relations entre les deux pays, la Bulgarie, orthodoxe et slave, étant considérée, de surcroît, comme un allié historique de l’Union soviétique puis de la Russie. Le quotidien note également qu’à ce jour aucun autre pays européen n’a expulsé autant de “diplomates” russes dans le contexte de la guerre en Ukraine. “La Pologne a rappelé 45 membres du personnel de l’ambassade russe en mars, et l’Allemagne 40 un mois plus tard, alors qu’elle en avait prévu 100”, rappelle Sega.

Deux cents personnes en comptant familles et employés

Selon la presse bulgare, parmi les diplomates expulsés figurent bon nombre de consuls généraux, le directeur du Centre culturel russe de Sofia et plusieurs fonctionnaires de l’ambassade à Sofia, dont le conseiller Filip Vozkressenski, qui a le rang de ministre plénipotentiaire. L’ambassadrice, Eleonora Mitrofanova, a été convoquée au ministère des Affaires étrangères de Sofia, mais reste en poste.

Si l’on compte les familles des diplomates et employés russes, quelque 200 personnes seraient concernées par cette mesure. La Bulgarie a régulièrement déclaré des diplomates russes persona non grata pour “espionnage” ces dernières années, mais n’en a jamais expulsé “autant d’un coup”, note également le quotidien Sega.

Le gouvernement du proeuropéen Kiril Petkov a été désavoué par une motion de censure le 22 juin dernier, mais le Premier ministre sortant reste aux commandes jusqu’à la désignation de son successeur, ce qui peut prendre plusieurs semaines.