Les coulisses de la rencontre avec la première dame appellent cependant à une lecture plus circonspecte de la présidence ukrainienne. Comme toute puissance, cette dernière a imposé un certain nombre de conditions à l’entrevue. A notre tour de porter un regard critique, comme nous devons le faire vis-à-vis de n’importe quel pouvoir. D’autant que les interrogations s’accumulent. Notamment: quelles garanties Kiev, gangrenée par la corruption avant la guerre, pourrait-elle offrir à l’UE et aux donateurs, quelques jours avant la conférence de Lugano où les millions risquent d’affluer?
Interroger le mythe Zelensky et raconter ce que devient vraiment son pays est une nécessité. Alors oui, la censure existe en Ukraine. Renforcée par la guerre, cette forme de répression s’est répandue ailleurs en Europe, où l’on juge souvent Kiev intouchable parce qu’elle est attaquée. Oui, son armée aussi semble avoir commis des crimes de guerre. Comme le racontait notre correspondant, elle abrite temporairement des armes au cœur de quartiers d’habitation, mettant les civils en péril. Et oui, ses élites corrompues pourraient se frotter les mains de voir l’UE précipiter l’adhésion de l’Ukraine.
Rencontre saisissante
S’interroger sur l’éventuel chèque en blanc qui pourrait leur être octroyé n’ôte rien aux réalisations spectaculaires de Zelensky, qui a réussi à galvaniser l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis, alors qu’il résiste à l’invasion russe. Désormais, que va-t-il faire de son pouvoir accru par la guerre? Ce conflit pourra-t-il purifier Kiev de maux tels que la corruption, comme l’espèrent de nombreux Ukrainiens? Voilà quelques-unes des interrogations esquissées par la saisissante rencontre, dans un palais défait, de la première dame.
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