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Répression des manifestants antiputsch : nouvelle journée meurtrière au Soudan

Au moins neuf manifestants ont été tués jeudi à Khartoum lors d'une manifestation contre le pouvoir soudanais. Il s'agit de la journée de mobilisation la plus meurtrière depuis des mois.

Manifestation à Khartoum contre le coup d'État militaire, le 30 juin 2022.
Manifestation à Khartoum contre le coup d'État militaire, le 30 juin 2022. © Mohamed Nureldin Abdallah, Reuters
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Neuf manifestants ont été tués jeudi 30 juin à Khartoum où des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé en criant "Le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane", le chef de l'armée auteur d'un putsch qui a plongé en octobre le pays dans la violence et une grave crise économique.

Si chaque semaine les Soudanais manifestent pour réclamer que le pouvoir soit rendu aux civils, jeudi a été la journée la plus meurtrière depuis des mois et l'une de celles qui a le plus mobilisé. Neuf manifestants ont été abattus par les forces de sécurité, sept au moins – dont un mineur – par des balles tirées notamment "dans la poitrine" ou "la tête", ont rapporté des médecins, qui ont également dénoncé des tirs de grenades lacrymogènes à l'intérieur d'hôpitaux.

Dès mercredi soir, alors que de petits cortèges appelaient ici et là les Soudanais à défiler, un jeune manifestant avait été tué d'une "balle dans la poitrine" à Khartoum, selon ces médecins.

Depuis le coup d'État du 25 octobre 2021, 112 manifestants ont été tués et des milliers d'autres blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU, tirent régulièrement à balles réelles sur la foule.

"Même si on doit tous mourir, les militaires ne nous gouverneront pas", scandait jeudi la foule, tandis que le bloc civil des Forces pour la liberté et le changement (FLC) estimait que "comme prévu, les putschistes ont déchaîné leur violence". Avant d'ajouter : "Les défilés de jeudi ont prouvé que la révolution n'est pas morte." Huit mois après le putsch qui a plongé l'un des pays les plus pauvres au monde dans le marasme, les manifestants continuent de réclamer que l'armée rende le pouvoir aux civils.

Internet et le téléphone coupés

Le 30 juin est une journée symbolique pour ce grand pays d'Afrique de l'Est : il marque l'anniversaire du coup d'État qui a porté le dictateur Omar el-Béchir au pouvoir en 1989. C'est par ailleurs en juin 2019 qu'ont eu lieu des rassemblements monstres ayant poussé les généraux à intégrer les civils au pouvoir après avoir écarté Béchir. Les manifestants veulent donc réitérer cet exploit et forcer le pouvoir militaire à donner les rênes du pays aux civils.

Comme à chaque appel à manifester, Internet et le téléphone ont été inaccessibles toute la journée avant d'être de nouveau rétablis en partie en soirée alors que certains cortèges s'éparpillaient, tandis que les grands axes étaient quadrillés par les forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Outre Khartoum et ses banlieues, des manifestants ont aussi manifesté à Wad Madani (sud), au Darfour (ouest) et dans plusieurs villes de l'Est côtier, ont rapporté des témoins.

Avant les manifestations, l'émissaire de l'ONU Volker Perthes avait martelé que "la violence doit cesser" et plusieurs ambassades avaient réclamé que "plus aucune vie ne soit perdue". Mais les capitales étrangères peinent à faire pression sur des généraux qui sont au pouvoir au Soudan quasiment sans interruption depuis l'indépendance en 1956.

 Avec AFP

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