« Les personnes trans cesseront enfin d’être considérées comme malades en Espagne », s’est félicitée la ministre espagnole de l’égalité, Irene Montero, à l’ouverture de la Marche des fiertés. Après deux ans d’intenses débats au sein du mouvement féministe et un an d’âpres négociations au sein du gouvernement entre la branche socialiste et son partenaire de coalition Unidas Podemos, l’exécutif espagnol a approuvé, lundi 27 juin, le projet de loi pour l’égalité des personnes transsexuelles. Un texte, très attendu des associations LGBTI, et l’un des plus controversés, aussi, de la législature.
Le projet de loi consacre le droit à la « libre détermination de l’identité de genre » et la « dépathologisation » de la transsexualité. Il permet aux personnes transsexuelles de plus de 16 ans de changer le sexe mentionné sur leurs documents d’identité, sans autre démarche que de se rendre au registre civil, d’indiquer son genre et de le confirmer trois mois plus tard. Plus d’examen psychologique, ni de rapport médical, encore moins d’obligation de se soumettre à un traitement hormonal durant deux ans : la seule expression publique de leur genre suffira à modifier leur état civil. Entre 14 et 16 ans, il faudra une autorisation parentale et entre 12 et 14 ans, une autorisation judiciaire.
« L’Etat reconnaît aux personnes trans leur droit à être ce qu’elles sont », a résumé avec satisfaction en conseil des ministres Mme Montero. Issue du parti de la gauche radicale Unidas Podemos, elle a défendu bec et ongles ce texte durant les derniers mois, revenant régulièrement à la charge dans les médias, pour accentuer la pression sur le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, qui ne semblait guère pressé d’approuver le projet de loi. Sans doute parce que ce texte, sur la table depuis 2020, a divisé le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le mouvement féministe. A tel point que, pour la première fois, la dernière manifestation du 8 mars en faveur des droits des femmes s’est scindée en deux cortèges distincts, pour ou contre la loi.
Parcours parlementaire
L’ancienne vice-présidente du gouvernement et référence socialiste de la lutte féministe, Carmen Calvo, actuelle présidente de la commission parlementaire d’égalité entre hommes et femmes, a été l’une des voix les plus virulentes contre le texte, avant qu’une première version ne soit approuvée sous forme d’avant-projet de loi, en juin 2021. « Je suis fondamentalement inquiète à l’idée de penser que l’on choisit son genre sans rien de plus que la simple volonté ou le désir », avait-elle déclaré. « Si l’on nie le sexe, on nie l’inégalité qui se mesure et se construit sur la base de ce fait biologique », soulignait-elle après avoir signé un argumentaire mis en circulation parmi les élus.
Il vous reste 40.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.