Croulant sous les déchets, l’Inde bannit des plastiques à usage unique 

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Environnement Croulant sous les déchets, l’Inde bannit des plastiques à usage unique

Le gouvernement indien a interdit vendredi plusieurs plastiques à usage unique pour lutter contre les déchets qui asphyxient les rivières et empoisonnent la faune et la flore.

Des vaches tentent de trouver de quoi manger au milieu de détritus, le 29 juin à Faridabad (nord de l’Inde).

Des vaches tentent de trouver de quoi manger au milieu de détritus, le 29 juin à Faridabad (nord de l’Inde). 

AFP

Des vaches broutant du plastique? Une image désormais banale dans de nombreuses villes indiennes. Des éléphants des forêts du nord de l’État d’Uttarakhand en portent même des traces dans leurs excréments, révèle une étude. L’Inde génère autour de quatre millions de tonnes de plastique par an, dont un tiers n’est pas recyclé et finit dans divers cours d’eau et décharges. Ces déchets prennent régulièrement feu, aggravant la pollution de l’air. 

Pailles ou emballages

La moitié de ces détritus provient d’articles à usage unique. Une réalité que la nouvelle interdiction imposée vendredi par le gouvernement indien par le pays espère endiguer. La mesure couvrira la production, l’importation et la vente d’objets tels que les pailles et les gobelets en plastique, ainsi que les emballages des paquets de cigarettes. Sont exemptés pour l’instant des produits tels que les sacs plastiques en dessous d’une certaine épaisseur. 

Règles renforcées

La première interdiction avait été introduite en 2018 par le Premier ministre indien Narendra Modi, et les autorités ont depuis promis de renforcer les règles. Des inspecteurs ont été déployés vendredi pour vérifier que fournisseurs et distributeurs ne violent pas l’interdiction, au risque d’une amende maximale de 100'000 roupies (environ 1'200 francs) ou d’une peine de prison de cinq ans.

Lobbying 

Environ la moitié des régions de l’Inde ont déjà cherché à imposer ce type de réglementation, mais comme en témoigne l’état des rivières et des décharges, le succès est mitigé. Les entreprises de l’industrie du plastique, qui emploient des millions de personnes dans le pays, objectent que les alternatives sont coûteuses et font pression sur le gouvernement pour reporter l’interdiction. 

Alternatives plus coûteuses

Pintu, qui gagne sa vie en servant du jus de noix de coco aux clients avec une paille en plastique, est directement impacté par la décision du gouvernement. Passer aux «pailles en papier, coûteuses, sera difficile. Je vais probablement répercuter le coût sur les clients», confie-t-il à l’AFP à New Delhi. «J’ai entendu dire que cela aiderait l’environnement, mais je ne vois pas comment cela pourrait changer quoi que ce soit pour nous», lâche-t-il. 

«Difficultés»

Jigish N. Doshi, président du groupe industriel Plastindia Foundation, s’attend à des pertes d’emplois «temporaires», mais estime que le problème le plus important concerne les entreprises «qui ont investi d’énormes capitaux dans des machines qui ne seront peut-être plus utiles» après l’interdiction.

Pour Satish Sinha, du groupe environnemental Toxics Link, «il y aura une résistance initiale» car il sera difficile de trouver des produits de remplacement. «Il y aura des difficultés et nous risquons d’en payer le prix, mais si l’on prend l’environnement au sérieux, c’est une question importante qui nécessite un effort concerté», nuance-t-il.

(AFP)

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