VIDÉO - Violeur libéré en Essonne : la colère de deux victimes "brisées" par le verdict

Léa COUPAU avec le service police-justice de TF1/LCI
Publié le 1 juillet 2022 à 16h56

Source : TF1 Info

Dans l'Essonne, un chauffeur de taxi a été condamné à six ans de prison, dont deux ferme, pour deux viols et une agression sexuelle en récidive.
Les victimes, révoltées par cette décision, témoignent leur colère sur LCI.

Tout commence par un cri de désespoir dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Karine, 25 ans, sort de son procès, où elle affrontait son violeur, jugé par la cour d’assises de l’Essonne pour deux viols et une agression sexuelle, en 2016, à Massy et à Paris. Pour ces trois faits, l'accusé a été condamné à six ans de prison, dont deux ferme avec un aménagement de peine. Il est donc ressorti libre du tribunal, en attente d'une convocation pour statuer les modalités de sa peine.

Lors de l'audience, l'avocat général avait pourtant réclamé douze ans de réclusion criminelle, assortis d’un suivi socio-judiciaire de sept ans. Dans son verdict, la cour d’assises a toutefois retenu la situation professionnelle et familiale du chauffeur de taxi, père d'un enfant de deux ans et également suivi par un psychothérapeute depuis dix ans.

Invitée sur LCI, ce vendredi 1er juillet, Karine se dit indignée par le verdict. "On a laissé un prédateur sexuel en liberté", réagit-elle. "Comment peut-on dire qu'il est coupable et le laisser libre ? Je suis désemparée et révoltée. Avec Samantha [une autre victime, ndlr] on a été brisées par le verdict, alors qu'on voulait être réparées."

À l'époque des faits, l'homme, âgé de 34 ans, aborde de très jeunes femmes en leur proposant une course gratuite. Selon les victimes, il se montre courtois et crée rapidement un climat de confiance avec les passagères. Puis, les questions deviennent de plus en plus intimes, jusqu'à ce que le trentenaire s'arrête sous un pont ou dans un parking et viole les jeunes femmes.

Un "scénario répété"

Au procès, l'accusé, en état de récidive légale, a reconnu les faits et parle lui-même de "scénario répété". Il nie tout non-consentement. Une aberration pour les victimes. "Cet homme a été condamné une première fois pour agression sexuelle sur une mineure et on l'a laissé dehors. Là, il est en état de récidive et on ne le met pas en détention provisoire."

"Aujourd'hui encore, on lui donne encore l'opportunité d'être dehors", s'étonne Samantha sur LCI. La justice lui dit "continue. Regarde à chaque fois que tu recommences, tu y échappes", poursuit-elle.

C'est une peine qu'on n'aurait même pas donnée à un mineur, accusé des mêmes choses
Me Sonia El Midouli, avocate de Karine

Ensemble, Karine et Samantha ont donc décidé de faire connaître leur colère en multipliant les prises de parole. "On voulait savoir si nous avions tort ? Comment interpréter ce verdict ? Comment les victimes de violences sexuelles peuvent interpréter ce verdict ?", lance la première. "Cette peine ne protège pas les femmes. C'est un abandon et nous, on est épuisées", ajoute la seconde.

De leur côté, les avocats des deux victimes se disent également sidérés. "Ce qui est choquant, c'est que c'est une peine qu'on n'aurait même pas donnée à un mineur, accusé des mêmes choses", explique sur LCI l'avocate de Karine, Me Sonia El Midouli. Sur LCI, cette dernière qui se dit d'autant plus surprise dans ce contexte de libération de la parole de la femme.

Depuis la diffusion de la vidéo de Karine et compte tenu du décalage entre la peine et les réquisitions, le parquet d'Évry a annoncé faire appel.


Léa COUPAU avec le service police-justice de TF1/LCI

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