Netflix pèse toujours plus sur les réseaux des opérateurs télécoms français
En 2021, le champion américain du streaming a utilisé 20 % de la bande-passante des opérateurs télécoms en France, selon l'Arcep, le régulateur des télécoms. Au global, cinq plateformes (Netflix, Google, Akamai, Facebook et Amazon) absorbent plus de la moitié du trafic.
La tendance se confirme : Netflix pèse de plus en plus lourd dans le trafic Internet en France. En 2021, le géant américain de la vidéo à la demande par abonnement a consommé à lui tout seul près de 20 % de la bande passante des opérateurs télécoms français, selon l'Arcep, le régulateur du secteur. Le leader du streaming creuse même l'écart avec les autres fournisseurs de contenus.
Par comparaison, Netflix ne représentait que 15 % du trafic en 2017...et moins de 10 % en 2016 ! Malgré l'arrivée de la concurrence (Amazon Prime, Disney+...), il reste aujourd'hui loin devant. Mais il n'est pas le seul à mettre les réseaux télécoms à rude épreuve. Au global, cinq plateformes « captent » plus de la moitié (51 %) du trafic, précise encore le régulateur. Il s'agit, en plus de Netflix, de Google, Akamai, Facebook et Amazon.
Boulimie
Cette consommation très importante des ressources du réseau par les principaux acteurs du streaming vidéo est connue depuis des années. Google a longtemps occupé la première place du podium. C'est en 2018 que Netflix lui a ravi la première place. Aujourd'hui, Google et sa plateforme YouTube n'occupent plus « que » 10 %, tandis que Facebook et Amazon sont à 5 %, toujours selon l'Arcep.
La France n'est pas un cas à part. A l'échelle du monde, plus de 53 % du trafic internet en 2021 était constitué de trafic vidéo, selon les données de la société Sandvine, précise l'Arcep. Par ailleurs, le trafic -- tous usages confondus -- ne cesse d'augmenter, avec la télévision en streaming et l'augmentation de la résolution des écrans.
En 2021, le trafic a ainsi atteint plus de 35 térabits par seconde en France -- soit une hausse de plus de 25 % en un an. Un rythme toutefois inférieur à ce qu'Internet avait connu en 2020, année 1 du Covid -- avec une hausse à l'époque de +50 %.
Faire payer les Gafa ?
Ces nouveaux chiffres fournissent des arguments supplémentaires aux « telcos » français, ainsi qu'à la Commission européenne...Face à ce poids croissant des plateformes, les opérateurs et Bruxelles plaident en effet pour que les Gafa contribuent au financement des réseaux. L'année dernière, les opérateurs français ont dépensé presque 15 milliards d'euros dans leurs réseaux fixes et mobiles.
« C'est désormais l'un des principaux chantiers de notre espace numérique », avait déclaré en mai sur Twitter le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, qui prépare un projet législatif dédié pour la fin de l'année.
Une poignée d'acteurs occupent à eux seuls plus de 50% de la bande passante mondiale.
— Thierry Breton (@ThierryBreton) May 4, 2022
Il est temps désormais de réorganiser la juste rémunération des réseaux.
Après les DSA & DMA, c'est désormais l'un des principaux chantiers de notre espace numérique.https://t.co/xzZforv9V7
Le sujet fait toutefois grincer les dents des fournisseurs de contenus concernés, qui considèrent que les opérateurs sont déjà rémunérés par leurs clients. Lesquels s'abonnent aussi à la fibre...pour profiter de Netflix. Les plateformes s'estiment donc aussi pourvoyeuses d'abonnés. Parallèlement, certaines associations européennes de défense des droits numériques s'inquiètent d'un impact sur la neutralité du net. Ce principe, inscrit en 2016 dans le droit de l'Union européenne, garantit une égalité de traitement et d'acheminement de tous les flux d'informations sur internet.
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Raphaël Balenieri