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Accusé de violences sexuelles, Taha Bouhafs sort du silence et met en cause Clémentine Autain
Le journaliste et militant Taha Bouhafs.
NurPhoto via AFP

Accusé de violences sexuelles, Taha Bouhafs sort du silence et met en cause Clémentine Autain

Nupes

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Silencieux depuis le retrait de sa candidature aux législatives et les accusations d'agressions sexuelles dont il est l'objet, le journaliste et militant dénonce une procédure opaque au sein de la France Insoumise et les mensonges de Clémentine Autain dans la presse.

« Le scrutin est aujourd'hui derrière nous, c'est donc l'heure de la clarification et de la vérité. » Après deux mois de silence, le journaliste précédemment investi candidat Nupes, Taha Bouhafs, publie un long communiqué sur les réseaux sociaux alors qu'il a été écarté de la Nupes après des signalements d'agressions sexuelles. Il y apporte sa version des faits, mettant en cause Clémentine Autain et le Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles. Il fustige un manque de transparence de la part des instances.

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« Lundi 9 mai dernier, Clémentine Autain m'a annoncé, dans un café près du siège du mouvement, que la décision avait été prise de me désinvestir de ma candidature aux législatives » à cause d'un signalement fait auprès du Comité, commence Taha Bouhafs. Demandant des informations concernant les faits qui lui étaient reprochés, le journaliste se serait entendu répondre par Clémentine Autain : « Pendant 1 000 ans les femmes n'ont pas été entendues, tu payes peut-être aussi pour les autres, mais c'est comme ça, c'est un choix politique. ​​​​​​ »

Taha Bouhafs accuse ensuite ouvertement la députée insoumise de lui avoir demandé « de faire un communiqué pour dire [qu'il retirait sa] candidature à cause des attaques racistes » dont se disait victime le candidat lors de la campagne. « Si tu refuses, c'est nous qui serons obligés de communiquer publiquement contre toi, ce n'est pas dans ton intérêt », aurait alors menacé l'Insoumise, toujours selon le récit de Bouhafs.

« J'invite les journalistes à enquêter »

S'ensuit la sortie de l'affaire dans la presse et le communiqué de La France insoumise, dans lequel il est écrit que Taha Bouhafs aurait « été confronté aux accusations dont il faisait l'objet ». Mais, là encore, le journaliste oppose une autre version : « J'ignore ce dont on m'accuse, je n'ai jamais été confronté aux dites accusations, pas plus le 9 mai qu'une autre date. »

Pis, Taha Bouhafs aurait, à plusieurs reprises, demandé aux instances du parti à être entendu et confronté aux accusations pesant sur lui. Il ne recevra jamais de réponse, tandis que Clémentine Autain se félicite que l'affaire ait été « "réglée le en 5 jours" », assure encore le communiqué.

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« Après une longue période de silence et après plusieurs relances internes, je reviens vers vous par cette lettre pour vous demander une procédure juste et équitable dans laquelle je pourrai savoir ce qu'on me reproche exactement », demande-t-il. Enfin, le journaliste sollicite les personnes qui voudraient se pencher sur son cas afin de mettre au jour les failles de cette procédure interne : « J'invite les journalistes à enquêter sur la réalité et la genèse de [ces accusations]. »

Autain mise en cause

À la lecture de ce communiqué, la question se pose : Clémentine Autain a-t-elle menti ? Sur BFM TV, le 15 mai, elle évoquait une « confrontation » avec Taha Bouhafs et niait avoir voulu dissimuler les véritables raisons du retrait du militant.

En fin de journée, ce mardi, la France insoumise a finalement publié un communiqué pour se défendre. « Nous ne nous reconnaissons pas dans sa version d'une partie des faits (...) Dans le respect du contradictoire, Taha Bouhafs pourra être entendu par nos instances. De plus, nous poursuivons notre travail de conviction auprès des plaignantes pour qu'elles saisissent la justice à laquelle nous ne pouvons nous substituer. »

La prise de parole du candidat éjecté devrait ajouter encore à la polémique touchant la France Insoumise depuis les accusations d'agression sexuelle portées contre Éric Coquerel par l'ex gilet jaune, Sophie Tissier.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne