PATRIMOINEUn SDF va être formé pour restaurer les vitraux de Notre-Dame de Paris

Lyon : Un sans-abri va être formé pour restaurer les vitraux de Notre-Dame de Paris

PATRIMOINEL’atelier Vitrail Saint-Georges et l’association humanitaire Donner la main se sont associés pour former un sans-abri au métier de vitrailliste. Une cagnotte en ligne a été lancée pour financer la formation
De gauche à droite : Jean-Marc Roffat, Ismaël, une employée de Vitrail-Saint-Georges, Jean-Michel, Jean Mône.
De gauche à droite : Jean-Marc Roffat, Ismaël, une employée de Vitrail-Saint-Georges, Jean-Michel, Jean Mône. - J.L. / 20 Minutes / 20 MINUTES
Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur

L'essentiel

  • L’association humanitaire lyonnaise Donner la main souhaite réinsérer des sans-abri en les faisant participer à la restauration de la cathédrale Notre-Dame, incendiée en avril 2019.
  • Choisi pour rénover quelques-uns de ses vitraux, l’atelier rhodanien Vitrail Saint-Georges a accepté de recevoir un candidat, pour une formation intensive de 6 mois, qui débutera fin août.
  • Donner la main a ouvert une cagnotte en ligne pour réunir les 10.000 euros nécessaires à cette formation, afin qu’un sans-abri puisse apprendre le métier et retrouver du travail par la suite.

Le 15 avril 2019, Jean-Marc Roffat a regardé, sidéré, les images de l’incendie de Notre-Dame. Peut-être par réflexe professionnel, le directeur de Donner la main, association humanitaire lyonnaise qui soutient les plus démunis, a voulu tirer un espoir de cette catastrophe. Il s’est pris à rêver que des sans-abri puissent participer à la reconstruction de la cathédrale. Une formation, un emploi à la clé… Avec, au final, une fierté partagée.

Et puis, l’automne dernier, l’atelier Vitrail Saint-Georges, à Saint-Genis-les-Ollières (Rhône), a été choisi par l’Etat pour restaurer deux des quinze lots de vitraux de Notre-Dame. « C’est un atelier transmis de maître en apprenti depuis 1852 », explique Jean Mône, son directeur depuis 2011. « Jean-Marc Roffat, que je connaissais bien, m’a alors proposé d’en profiter pour réintégrer des gens mis à l’écart. On a donc mis en place ce projet de réinsertion, pour permettre à un sans-abri d’apprendre le métier de vitrailliste et d’être embauché par la suite. »

Deux sans-abri sélectionnés pour une seule place

Si toute personne SDF peut se porter candidate, en contactant Jean-Marc Roffat au 06.11.19.07.22, deux volontaires se démarquent déjà par leur motivation : Jean-Michel et Ismaël, qui se tiennent humblement dans l’atelier, admirant les artisans au travail. « Je les connais depuis longtemps, ce sont des personnes courageuses, qui ont connu toutes les galères, toutes les difficultés », précise le directeur de Donner la main.

En février 2021, Ismaël vivait dans une tente, place des Cordeliers. « Jean-Marc venait m’apporter son aide », raconte-t-il. « Puis il m’a fait rencontrer M. Mône pour me donner cette opportunité. J’espère enfin rebondir, grâce à ce métier magnifique. Et dans une entreprise familiale, pas industrielle, où on est soudé comme on l’était dans les chantiers, c’est ce qui me manquait le plus. »

Jean-Michel renchérit : « Avec Ismaël, on se connaît depuis 20 ans, on a fait des chantiers ensemble. Je suis menuisier, j’ai travaillé dans le PVC, l’aluminium, dans le verre pour Saint-Gobain… Et ce que j’aime, c’est de toujours apprendre quelque chose. Le vitrail, c’est minutieux, et ça me plaît ! »



Jean Mône devra choisir avant le début de la formation, fin août, celui qui lui paraîtra le plus prometteur. Le métier de vitrailliste est très difficile : « il faut être constant, agile, et avoir ce qu’on appelle l’intelligence de la main », prévient-il. « Un CAP prend deux ans ; devenir un bon verrier demande cinq ans. Mais on a pris le parti d’une formation de six mois, très exigeante. On veut poser des fondamentaux solides pour qu’ils puissent continuer après, sans nous. »


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Reste à trouver le financement de la formation. Jean-Marc Roffat a donc lancé une cagnotte en ligne pour récolter 10.000 euros. « On va aussi solliciter les élus du secteur, et chercher une famille d’accueil dans l’Ouest lyonnais » ajoute-t-il, car « il faut que le candidat soit coupé du monde de la rue, à proximité de l’atelier pour éviter la fatigue. Créer un cocon familial contribuera à sa réussite ». Les deux directeurs l’ont déclaré à tour de rôle devant Jean-Michel et Ismaël : « Leur réussite sera la nôtre ! »

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