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Europe : des agences de l’ONU alarmées par la détention d’enfants réfugiés et migrants

Une famille érythréenne vit dans un centre de transit en Roumanie en attendant d'être réinstallée aux Pays-Bas.
© UNHCR/Stefan Lorint
Une famille érythréenne vit dans un centre de transit en Roumanie en attendant d'être réinstallée aux Pays-Bas.

Europe : des agences de l’ONU alarmées par la détention d’enfants réfugiés et migrants

Migrants et réfugiés

Des agences des Nations Unies se sont déclarées alarmées, mardi, par de « nombreux exemples inquiétants de détention d’enfants  demandeurs d’asile, réfugiés et migrants » dans plusieurs pays européens et ont proposé des alternatives à cette « pratique continue de la détention en Europe ».

Dans un document d’information publié aujourd’hui, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), détaillent la pratique de la détention des enfants immigrés dans les pays européens.

Dans cette étude conjointe menée dans 38 pays de la région européenne, les agences onusiennes ont trouvé de « nombreux exemples inquiétants de détention d’enfants ».

Parmi ces pays, la majorité (26 pays) met en œuvre la détention avant éloignement des enfants. Dans 18 pays, les enfants sont détenus dès leur entrée, dans huit pays pendant que les procédures d’asile sont en cours, dans cinq pays pendant que les procédures d’évaluation de l’âge sont en cours et dans 16 pays en attendant d’autres procédures.

L’impact négatif de la détention sur la santé des enfants

Or selon l’ONU, la détention a un impact profond et négatif sur la santé et le bien-être des enfants et peut avoir un impact négatif durable sur le développement cognitif des enfants. Le placement en détention est connu pour exacerber la détresse psychologique et les enfants détenus risquent de souffrir de dépression et d’anxiété ainsi que de violence et d’abus.

« Les enfants en déplacement sont avant tout des enfants, indépendamment de leur origine et de la raison pour laquelle ils ont quitté leur foyer. La détention des enfants n’est jamais dans leur intérêt supérieur, constitue une violation de leurs droits et doit être évitée à tout prix », a déclaré Afshan Khan, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale et Coordinatrice spéciale pour la réponse aux réfugiés et aux migrants en Europe.

L’étude a également révélé que des alternatives à la détention, telles que l’aide à la vie autonome, le placement familial et d’autres modèles adaptés aux enfants et centrés sur eux, sont déjà en place dans divers pays européens et offrent des solutions viables et rentables pour les États hôtes.

Des alternatives à la détention comme le regroupement familial 

« Plusieurs pays en Europe ont démontré que les alternatives à la détention pour les enfants et les familles peuvent être sûres, dignes et rentables - nous exhortons tous les Etats européens à adopter ces approches pour protéger les droits et le bien-être des enfants réfugiés et migrants », a affirmé Pascale Moreau, Directrice régionale du HCR pour l’Europe.

Les agences onusiennes proposent une série d’alternatives et de recommandations pour aider les pays à mettre fin à la détention des enfants. Elles comprennent l’élargissement des alternatives à la détention pour les enfants et les familles, l’investissement dans les conditions d’accueil et les systèmes nationaux de protection de l’enfance et le renforcement des capacités nationales de collecte de données et de suivi au sein des États ainsi que de l’Union européenne. 

« L’unité familiale et l’intérêt supérieur de l’enfant vont de pair dans le contexte des personnes en déplacement. Nous encourageons les gouvernements à travailler pour remplacer la détention des enfants et des familles par des programmes communautaires, la gestion des cas et d’autres alternatives basées sur les droits, qui se sont avérées très efficaces », a fait valoir Ola Henrikson, Directeur régional de l’OIM pour l’UE.