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"Ça fait mal": Aline, aide à domicile, dépense jusqu'à 400 euros d'essence chaque mois

Parce qu'elle se déplace dans tout le département du Puy-de-Dôme pour faire son métier, Aline, aide à domicile et mère de cinq enfants, subit de plein fouet la hausse des prix des carburants.

Quatre mois après le début de la guerre en Ukraine, les prix des carburants continuent de rester très élevés. Et pour des professionnels, les conséquences sont alarmantes. Car beaucoup de Français sont obligés de prendre quotidiennement leur voiture et de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres tous les jours pour aller travailler.

C'est le cas d'Aline, aide à domicile dans le Puy-de-Dôme, qui conduit parfois jusqu'à 100 kilomètres par jour pour aller voir ses patients. Car dans le département, "il n'y a pas [partout] des transports comme à Clermont avec le tram'. Et il y a surtout beaucoup de petits villages qui ne sont pas desservis", déplore-t-elle.

"Il faut peser le pour et le contre de tout"

Résultat, depuis que le litre de carburant dépasse régulièrement les deux euros, Aline dépense entre 300 et 400 euros d'essence par mois. "Ça fait mal", lâche-t-elle.

Parce que, comme beaucoup d'autres aides à domicile, elle ne travaille pas à temps plein, cette mère de famille touche un salaire mensuel de 900 euros. "Il faut rogner sur les activités à l'extérieur, il faut peser le pour et le contre de tout", dit Aline. Avec ses cinq enfants, "on ne fait plus grand-chose à côté."

Pour l'aider, son employeur la rembourse désormais à hauteur de 40 centimes pour chaque kilomètre parcouru, contre 37 auparavant. Mais cela reste très insuffisant pour absorber l’augmentation du prix du carburant.

Ce métier a beau être une vocation pour Aline, elle songe de plus en plus à le quitter. Et elle n'est pas la seule. "Ça va être un été catastrophique", prédit ainsi Mathilde Gioiosa, responsable de service de l'Apamar, une société de services.

Parce que le pouvoir d'achat est dégradé, le secteur a de plus en plus de mal à recruter. "En 2017, on avait 167 CDD sur juillet et août, aujourd'hui en 2022, nous allons approcher les 20 CDD pour l'été", résume-t-elle.

Olivier Jouglard et Blandine D'alena avec Ariel Guez