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Dans la plaine du Pô, une sécheresse historique menace le grenier de l’Italie

Dans cette région qui vit depuis toujours des bienfaits du fleuve, les cultures doivent être irriguées artificiellement, une première. La production de blé et de maïs pourrait être amputée de 30 %.

Par  (Ferrare (Italie), envoyé spécial)

Publié le 08 juillet 2022 à 06h29, modifié le 08 juillet 2022 à 16h50

Temps de Lecture 5 min.

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Un champ brûlé par le sel, dans le plaine du Ferrare (Italie).

La petite bourgade d’Occhiobello, nichée dans un coude du fleuve, marque la frontière entre l’Emilie-Romagne et la Vénétie. Ici, l’autoroute A13, qui relie Bologne à Padoue, semble enjamber le Pô dans la plus grande indifférence. Mais sans doute les poids lourds qui circulent ont le temps d’y voir un spectacle saisissant : celui d’un fleuve qui a presque disparu, mangé par des bancs de sable.

Le lit du cours d’eau, en contrebas, offre un paysage de désolation. La couche de terre craquelle sous la semelle. A certains endroits, le Pô s’est transformé en des mares d’eau stagnante où des hérons viennent guetter quelque pitance. Depuis plus de cent vingt jours, il n’est quasiment pas tombé une goutte de pluie dans cette région de la plaine de Ferrare. Du jamais-vu depuis soixante-dix ans. Cette région qui marque l’entrée dans le delta du fleuve est le symbole de la sécheresse historique qui frappe le nord de l’Italie. Le 4 juillet, le gouvernement italien a décrété l’état d’urgence dans les cinq régions du nord de la péninsule irriguées par le Pô : le Piémont, la Lombardie, l’Emilie-Romagne, le Frioul-Vénétie-Julienne et la Vénétie.

Avec un hiver moins enneigé et un printemps sec et doux, 2022 promettait déjà d’être difficile pour le plus grand fleuve d’Italie. « La situation de la plaine du Pô jusqu’à l’embouchure est inédite en cette période, depuis que nous faisons des relevés hydrologiques. L’eau manque dans les nappes phréatiques, les lacs alpins sont en situation de stress hydrique », explique Riccardo Casotti, vice-président de la Confédération nationale des agriculteurs (Coldiretti) à Ferrare. Pour la première fois, il faut cette année irriguer artificiellement les cultures, là où le fleuve jouait son rôle depuis la nuit des temps.

Selon les calculs de la Coldiretti, la sécheresse pourrait réduire de 30 % la production de blé et de maïs cette année. L’inquiétude se porte également sur le riz, en pleine période de maturation. Avec 120 000 hectares cultivés, la plaine du Pô est en effet la plus grande rizière d’Europe. Dans les environs de Ferrare, dès la mi-juin, le fleuve est descendu de 10 mètres en dessous de son niveau habituel. « Si la pluie ne tombe pas en amont, vers la mi-juillet, il ne sera même plus possible d’y pomper de l’eau », explique avec inquiétude M. Casotti.

Le Pô vu depuis la ville de Pontelagoscuro (Italie).

« On n’a jamais vu ça ici »

Quelques kilomètres plus en aval, Filippo Parella, 30 ans, cultive blé et arbres fruitiers. Ses poiriers font grise mine. Les canaux alentour ne sont plus suffisamment irrigués par le fleuve pour apporter la quantité d’eau suffisante à ses cultures. Filippo ramasse quelques épis de blé à terre : « Regardez les grains à l’intérieur, ils sont tout secs ! Le manque d’eau empêche le phénomène de synthèse des sucres et de l’amidon de la plante, c’est pourquoi ces épis sont presque vides », se lamente le jeune agriculteur. Sur son portable, Filippo fait écouter un message reçu par un voisin cultivateur, qui raconte devoir se lever à 2 heures du matin pour aller arroser des champs de maïs : « On n’a jamais vu ça ici. »

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