INTERVIEW. Vague de chaleur océanique : oui, les canicules frappent aussi les océans

Qu’est-ce qu’une vague de chaleur océanique et pourquoi s’en soucier ? Réponses avec deux spécialistes de ce phénomène.

Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 2 ans.

Savez-vous que les canicules frappent également les océans ? On appelle ce phénomène « des vagues de chaleur océaniques ». Mais concrètement, qu’est-ce que c’est, quelles sont les conséquences pour la planète et doit-on s’en soucier ? Robert Schlegel, ingénieur de recherche au Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (LOV) et Bertrand Chapron du laboratoire Spatial et Interfaces Air-Mer à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER) nous éclairent.

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Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine ?

Si les océans n’absorbaient pas la chaleur, l’air serait encore plus chaud et donc difficilement vivable. Mais ce qu’on a tendance à oublier, c’est que plus le climat se réchauffe, plus la température de l’eau augmente à tel point qu’elle peut parfois dépasser un certain seuil (déterminé en fonction du lieu et de la saison). C’est ce qu’on appelle une canicule marine, ou vague de chaleur océanique. « Cette eau anormalement chaude peut être décrite par sa durée, son intensité, son taux d’évolution et son étendue spatiale » explique à POSITIVR Robert Schlegel, ingénieur de recherche au Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (LOV).

Mais concrètement, comment ce phénomène se produit-il ? « Les vagues de chaleur océaniques sont causées par un enchaînement de conditions favorables, notamment atmosphériques (un fort ensoleillement, une forte température de l’air, des faibles vents), qui causent un dôme de chaleur similaire à ce que l’on peut observer au-dessus des grandes agglomérations. Ce dôme a tendance à réduire les vents, et donc à empêcher d’avoir assez de ventilation pour rafraîchir », explique Bertrand Chapron, de l’Ifremer.

Bien que les courants marins favorisent cette hausse de chaleur, aujourd’hui, le principal responsable est le réchauffement climatique. En effet, d’après une étude de 2018, seules 23 % des vagues de chaleur océaniques pourraient être « naturelles ». La température de la surface de la mer et la fréquence des vagues de chaleur marines ont même doublé entre 1982 et 2016. En Europe, les mers Méditerranée et Baltique sont les plus touchées par ces canicules, comme l’évoque Bertrand Chapron.

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Peut-on les prévenir ?

Selon Bertrand Chapron, les données sont formelles : « Elles prédisent une augmentation de la fréquence et de la superficie de ces anomalies » dans les prochaines années. Mais peut-on empêcher ces phénomènes de se produire ? Robert Schlegel explique que, pour éviter ces vagues de chaleur océaniques, il faut impérativement agir à notre échelle.

Comment ? En rejetant moins de CO2 dans l’atmosphère. « C’est comme pour éviter d’avoir une carie sur la dent. Nous pouvons prévenir l’apparition de caries en nous brossant les dents deux fois par jour, mais une fois que la carie est là, nous devons aller chez le dentiste pour la soigner. »

En d’autres termes, lorsque la vague de chaleur océanique est déjà présente, nous ne pouvons plus l’éviter, mais il est toujours possible d’agir sur l’écosystème après qu’il a été endommagé afin de l’aider à se rétablir. D’ailleurs, les scientifiques prennent les choses très au sérieux, notamment pour la sauvegarde des récifs coralliens.

Quels effets sur les écosystèmes marins ?

Mais il n’y a pas que les coraux qui souffrent de ces vagues de chaleur océaniques. Selon Robert Schlegel, ce sont tous les écosystèmes marins qui sont touchés :

  • Le déplacements et/ou le changement de composition de communautés d’espèces, voire la disparition de certaines espèces
  • Des échouages massifs de mammifères
  • Des mortalités massives chez des espèces particulières, comme les gorgones et les coraux
  • La modification de certaines niches écologiques
  • Certains planctons, algues et parasites ont pu pulluler localement, de même que certains micro-organismes et virus pathogènes pour la faune marine et/ou pour l’humain

« Les vagues de chaleur océaniques provoquent aussi des accumulations locales de l’humidité dans l’atmosphère, du fait de l’évaporation. Cette humidité peut être ramenée vers les côtes où elles donnent lieu à des pluies importantes (comme les pluies cévenoles, dans le sud de la France). »

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Si nous réduisons nos émissions de CO2, nous pouvons lutter durablement contre ce phénomène alarmant. Alors, prêt à agir pour le bien de la planète ? Pour aller plus loin, découvrez 10 solutions simples et concrètes d’architectes contre la canicule en ville.

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