Être soigné dans sa langue maternelle diminue le risque de décès, selon une étude

6,1 millions de personnes au Canada vivent dans une situation de langue minoritaire, c'est-à-dire dans laquelle leur langue n’est pas parlée par la majorité ou n’est pas reconnue comme langue officielle dans leur province ou dans leur territoire.

Les francophones qui ont été traités par un médecin qui parle français ont 24% moins de chances de décès que ceux qui ont été soignés par un médecin qui ne parlait pas le français, selon une nouvelle étude qui met en lumière l’importance d’être soigné dans sa langue maternelle.


Les chiffres de 2016 indiquent que 6,1 millions de personnes au Canada vivent dans une situation de langue minoritaire, c'est-à-dire dans laquelle leur langue n’est pas parlée par la majorité ou n’est pas reconnue comme langue officielle dans leur province ou dans leur territoire. 

Selon l’étude fondée sur les données de l’ICES, menée en collaboration avec l’Institut du Savoir Montfort et l’hôpital Montfort, il est clair que la qualité et la sécurité des soins hospitaliers s’améliorent lorsque les médecins et les patients parlent la même langue. L’étude a été menée auprès de 189 690 adultes bénéficiaires de soins à domicile qui ont été admis à l’hôpital en Ontario, la province linguistiquement diversifiée la plus peuplée du Canada, entre avril 2010 et 2018. 

Pour les personnes allophones, qui ne parlent donc ni le français ni l’anglais, les chercheurs ont démontré que ces personnes présentaient 54% de chances de décès en moins lorsque le médecin parlait leur langue. 

L’étude révèle également que les patients âgés et fragiles admis à l’hôpital qui ont reçu des soins de médecins parlant leur langue maternelle ont été hospitalisés moins longtemps, ont fait moins de chutes et d’infections et étaient moins susceptibles de mourir à l’hôpital. 

«Ce sont des résultats stupéfiants qui plaident fortement en faveur de la prestation de soins dans la même langue pour les minorités linguistiques dans les hôpitaux», a déclaré le coauteur de l’étude, le Dr Peter Tanuseputro, médecin scientifique au département de médecine de l’Hôpital d’Ottawa et de l’Institut de recherche Bruyère. «Il est clairement plus facile de transmettre des informations importantes sur votre santé dans votre langue maternelle. Quoi qu’il en soit, le fait que les chances de subir des préjudices graves, y compris le décès, aient plus que doublé pour les patients recevant des soins dans une autre langue est révélateur.»

La recherche a démontré que 58% des médecins ne parlaient que l’anglais, alors que l’autre proportion était multilingue. Près de la moitié des francophones, soit 44%, ont reçu des soins principalement de médecins francophones. Dans le cas des allophones, seul 1,6 % d’entre eux ont reçu la plupart de leurs soins de médecins parlant une langue intelligible à leur langue maternelle.

«Cette étude est importante et nous aide à quantifier les risques de dommages plus importants auxquels sont confrontés les patients qui ne peuvent pas recevoir de soins médicaux dans leur langue [de prédilection]», explique Sharon Johnston, directrice scientifique de l’Institut du Savoir Montfort. «Comprendre et traiter ce problème, en particulier pour notre communauté francophone de l’est d’Ottawa et de l’Ontario, est un élément clé de la mission de l’Hôpital Montfort et de son institut de recherche.»