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Haïti : des crises multiples et la montée de la violence des gangs vont aggraver la faim, alerte le PAM

Haïti est confronté à une combinaison de crises politique, sociale et humanitaire.
© UNICEF/Georges Harry Rouzier
Haïti est confronté à une combinaison de crises politique, sociale et humanitaire.

Haïti : des crises multiples et la montée de la violence des gangs vont aggraver la faim, alerte le PAM

Aide humanitaire

Alors que près de la moitié de la population haïtienne est déjà en situation d’insécurité alimentaire, la faim va s’aggraver en raison de l’inflation croissante, du coût élevé des denrées alimentaires et du carburant ainsi que de la détérioration de la sécurité, a averti ce mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. 

Cette mise en garde du PAM intervient au moment où des « groupes criminels bloquent les routes ». A Port-au-Prince et dans ses environs, l’insécurité s’est « considérablement aggravée depuis début mai », perturbant les chaînes d’approvisionnement à l’échelle nationale, l’accès aux services de base tels que les marchés, les écoles et les hôpitaux, ainsi que les moyens de subsistance des Haïtiens dans tout le pays. 

« La violence provoque une grave crise de protection et rend plus difficile l’accès à la nourriture et son coût », a alerté depuis la capitale haïtienne, Jean-Martin Bauer, Directeur du PAM en Haïti, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève. Selon l’agence onusienne basée à Rome, la situation sécuritaire « hautement volatile met en péril » les opérations humanitaires essentielles dont dépendent de nombreux Haïtiens vulnérables. 

Le quartier Delmas 32, à Port au Prince, Haïti.
Banque mondiale/Dominic Chavez
Le quartier Delmas 32, à Port au Prince, Haïti.

Des millions de personnes coupés de la capitale par des blocages de la route

Le blocage complet de la route menant à la péninsule du sud, depuis un an, a coupé de Port-au-Prince des 3,8 millions de personnes vivant dans les départements du sud. La sortie vers le nord de la capitale a également été récemment affectée. « De grandes parties de la population ont été coupées du cœur économique du pays. Cela arrive à un moment où Haïti doit déjà faire face aux effets de la Covid-19, aux récentes catastrophes naturelles, à l’inflation élevée et à la hausse des coûts due au conflit en Ukraine », a ajouté M. Bauer.

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Cette situation intervient dans un contexte de « crise alimentaire mondiale, où la hausse des coûts liée au conflit en Ukraine aggrave les difficultés ». Haïti connaît déjà une inflation vertigineuse, de l’ordre de 26 %. La nation insulaire est particulièrement vulnérable aux chocs sur les marchés mondiaux de l’alimentation et des carburants car elle importe 70 % de ses céréales. 

En plus de ces défis, la saison actuelle des ouragans dans l’Atlantique devrait être plus active que d’habitude, mettant en danger la vie et les moyens de subsistance des Haïtiens vulnérables. « Nous constatons que la faim augmente de manière significative dans la capitale et le sud du pays, Port-au-Prince étant le plus durement touché », a fait valoir le Représentant du PAM dans ce des Caraïbes. 

Un déficit de financement de 39 millions de dollars pour les opérations du PAM

Face à cette situation alimentaire préoccupante et aux défis logistiques liées à l’insécurité, l’agence onusienne utilise les voies maritimes comme alternative pour envoyer l’aide dans les parties sud et nord du pays. Le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS), dirigé par le PAM, continue ainsi de transporter les travailleurs de première ligne et les marchandises légères. 

Au cours de l’année écoulée, l’UNHAS a connu une augmentation spectaculaire de la demande en raison du tremblement de terre d’août dernier et de la situation sécuritaire de plus en plus instable. « La seule option sûre pour les humanitaires est le transport aérien et, sans financement adéquat, l’UNHAS risque de fermer ses portes d’ici la fin juillet 2022. En fin de compte, cela met en danger non seulement l’assistance du PAM, mais aussi les opérations humanitaires dans tout le pays », a affirmé M. Bauer.

Malgré les contraintes, le PAM a d’ailleurs soutenu le gouvernement avec une aide humanitaire et de développement pour s’attaquer aux « causes profondes de la faim ». Cette année, l'organisme prévoit de venir en aide à 1,7 million de personnes. « Le PAM renforce la résilience des Haïtiens et consolide la protection sociale et les systèmes alimentaires », a insisté M. Bauer, rappelant que pour les six prochains mois, le PAM fait déjà face à un déficit de financement de 39 millions de dollars pour ses opérations à Haïti.