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La France a rapatrié 51 femmes et enfants des camps en Syrie

Le gouvernement devrait rapatrier tous les enfants français et leurs mères, et les autres ressortissants détenus illégalement.

Un jeune tient un parapluie alors qu'il marche sous la pluie au Camp Roj, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI), dans le nord-est de la province de Hasakah, en Syrie, le 4 mars 2021. © 2021 Delil Souleiman/AFP via Getty Images

Le rapatriement par la France de 35 enfants français et 16 femmes détenus dans le nord-est de la Syrie est une bonne nouvelle. Pour ces rapatriés, cela signifie la fin d'une détention cauchemardesque dans les camps pour familles de suspects de l'État islamique (EI). Mais environ 160 enfants français et 75 femmes sont toujours détenus arbitrairement dans la région, dans des conditions sordides qui mettent leur vie en danger. Une soixantaine d’hommes français soupçonnés de liens avec l’EI sont détenus dans des prisons surpeuplées.

Ces ressortissants français figurent parmi les dizaines de milliers d'étrangers d'une soixantaine de nationalités différentes détenus depuis au moins 2019 dans le nord-est de la Syrie comme suspects de l’EI ou membres de leur famille. Aucun n'a été inculpé, encore moins traduit devant un tribunal.

Parmi les enfants rapatriés, sept sont des mineurs non accompagnés. Toutes les femmes sont des mères d'enfants français rapatriés avec elles ou qui l’avaient été auparavant.

Depuis des années, leurs familles en France, rejointes par un nombre croissant de personnalités, des organisations de défense des droits humains et des organismes des Nations unies, appellent la France à rapatrier les enfants et leurs mères. En février, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies a considéré que le refus de la France de rapatrier les enfants violait leur droit à la vie et les exposait à un traitement inhumain. Des experts en sécurité ont quant à eux averti la France et d'autres pays que l'abandon de leurs ressortissants dans le nord-est de la Syrie, où les enfants pourraient être recrutés par l’EI, constituait un risque sécuritaire plus important que leur rapatriement. Les menaces de la Turquie d'envahir la région accentuent encore ces risques.

Malgré cela, jusqu'à la semaine dernière, la France a persisté dans une approche cruelle du cas par cas, ne rapatriant que 35 enfants en trois ans et aucun adulte, invoquant notamment des questions de sécurité. La France a même refusé de rapatrier une femme gravement malade et sa fille de 6 ans. Cette femme est décédée en décembre dernier. Sa fille orpheline a dû attendre sept mois, pour rentrer enfin en France. Une des femmes rapatriées la semaine dernière souffre d'un cancer du côlon avancé. La France a longtemps refusé de la rapatrier, ignorant les supplications de sa mère.

Le 5 juillet, la France a rapatrié en un jour autant d'enfants qu'en trois ans, et a ramené des mères pour la première fois. Le gouvernement devrait montrer qu'il s’agit là d’un vrai changement d’approche en rapatriant tous les enfants français et leurs mères, ainsi que les autres détenus français. Les adultes peuvent être poursuivis ou surveillés en France comme il convient.

Laisser ces ressortissants dans le nord-est de la Syrie ne contribuera pas à stopper l’EI. Cela ne fera qu'accroître les souffrances de celles et ceux abandonnés à une détention arbitraire, dont une majorité sont des enfants.

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