Sur Telegram, la moitié des contenus sur la Shoah «nient ou falsifient les faits»

Le rapport critique le « manque de modération et de recommandations claires à destination de ses utilisateurs » de Telegram, poussant à la propagation de contenus négationnistes.

Le taux de messages négationnistes dépasse les 80 % pour les messages en allemand sur Telegram, et atteint près de 50 % pour ceux en anglais et en français. LP/Arnaud Journois
Le taux de messages négationnistes dépasse les 80 % pour les messages en allemand sur Telegram, et atteint près de 50 % pour ceux en anglais et en français. LP/Arnaud Journois

    La négation et la falsification de la Shoah « sont abondantes sur Telegram », dont près de la moitié (49 %) du contenu public sur le sujet « nie ou falsifie les faits », indique un rapport de l’Unesco publié mercredi en partenariat avec le Congrès juif mondial (CJM).

    « Ces posts, facilement accessibles à toute personne à la recherche d’informations sur l’Holocauste, sont souvent explicitement antisémites », regrette l’Unesco après l’étude de 4 000 messages sur la Shoah publiés sur cinq grandes plateformes, dont Telegram, « connu pour son manque de modération et de recommandations claires à destination de ses utilisateurs ».

    Ce taux dépasse les 80 % pour les messages en allemand sur Telegram, et atteint près de 50 % pour ceux en anglais et en français, poursuit l’agence onusienne, dont le rapport a été réalisé grâce aux travaux de l’Oxford Internet Institute.

    Une modération efficace sur les autres réseaux

    Négation et falsification sont également présentes sur les autres réseaux, mais dans une moindre mesure, car ils sont modérés : quelque 19 % du contenu relatif à la Shoah sur Twitter est négationniste, contre 17 % sur TikTok, 8 % sur Facebook et 3 % sur Instagram, souligne l’Unesco. « De toute évidence, lorsque les plateformes agissent de concert pour s’attaquer à cette forme spécifique de discours haineux, les résultats obtenus sont concluants », remarque Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial.

    Pour échapper aux modérateurs, les négationnistes habillent désormais leur discours d’humour, pointe le rapport de l’Unesco. En utilisant des « mèmes (images ou photomontages déclinés massivement sur Internet) humoristiques et parodiques », ils tentent de « normaliser les idées antisémites, en leur donnant l’apparence d’idées communément admises », dénonce-t-il.

    Six millions de juifs sont morts dans la Shoah, l’entreprise d’extermination des juifs d’Europe menée par l’Allemagne hitlérienne pendant la Seconde Guerre mondiale.