Le constat dressé par la dernière enquête du Statec rappelle combien les femmes sont toujours largement en proie aux violences. Des violences qui peuvent se produire jusqu’au sein du cercle conjugal.

De quelles violences parle-t-on ?

Pour réaliser son enquête, l’Institut national de la statistique et des études économiques luxembourgeois (Statec) a interrogé 2 734 femmes, toutes sélectionnées de manière aléatoire. Afin de permettre l’interprétation la plus « lisible » possible des résultats, quatre types de violences ont donc été définis.

  • Par violences physiques, on parle de bousculades, de gifles, de coups, de morsures, de strangulation ou encore de menaces avec armes.
  • Les violences psychologiques regroupent les menaces verbales, l’intimidation, le harcèlement (par sms, sur les réseaux sociaux…), le stalking (l’observation et la poursuite avec insistance d’une personne), l’envoi de messages à caractère dégradant, le chantage…
  • Les violences sexuelles, elles, se caractérisent par l’exhibition mais aussi forcer quelqu’un à avoir des rapports intimes avec soi ou avec une autre personne sans son consentement, ainsi que certains faits d’attouchements.
  • Enfin, dans les violences économiques, on retrouve la dissimulation à la victime des revenus du ménage, l’interdiction d’accéder à ces derniers et de prendre des décisions concernant les finances du foyer, de travailler en dehors du domicile et/ou de faire des études.

Près d’1/3 des femmes ont connu des violences sexuelles

Certaines statistiques font davantage froid dans le dos que d’autres. À la question du Statec sur quel(s) type(s) de violence ont enduré les femmes luxembourgeoises au cours de leur vie, ces dernières sont 51,7 %, soit plus d’une sur deux, à reconnaître avoir été victimes de violences psychologiques.

Encore plus grave : 31,5 % des résidentes du Grand-Duché auraient subi des violences physiques et 27,1 %, soit près d’un tiers, des violences sexuelles au moins une fois dans leur vie (sur les douze derniers mois, les pourcentages s’élèvent respectivement à 4,4 % et 3,8 %).

Ces violences peuvent être le fait d’un inconnu, d’un collègue ou d’un supérieur hiérarchique sur son lieu de travail, mais également de son partenaire de vie. Sur la dernière année, les Luxembourgeoises sont 4 % à avoir vu leur compagnon (ou ex-compagnon) commettre des violences à leur encontre. Une situation d’autant plus à risque que vivant avec la personne, la victime peut craindre de voir ces faits se répéter. Pour rappel, en 2021, 76 interventions par mois en moyenne de la police concernaient des faits de violences domestiques.

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Le Luxembourg peut toujours mieux faire

Sur les douze derniers mois précédant l’enquête du Statec, ce sont au total 43 215 femmes, soit 20 % des 16 – 74 ans, qui ont été agressées physiquement, sexuellement et/ou psychologiquement.

Toujours sur la même période, dans le pays, un peu plus de 7 % des femmes ont dû faire face à des violences physiques et sexuelles. C’est en-dessous de la moyenne européenne, établie à 8 %.

Avec un taux de 11 %, quatre pays de l’UE occupent la tête de ce (peu glorieux) classement : la Suède, les Pays-Bas, la France et le Danemark. À l’inverse, c’est en Slovénie où les femmes seraient le plus « épargnées » avec un taux de 3 %.

 

Statistiques des violences faites aux femmes.
© Statec

 

Ces différents résultats sont la cruelle illustration d’une vérité incontestable : oui, encore aujourd’hui en 2022, les femmes sont encore victimes de violence et non, le Luxembourg ne fait pas exception à la règle. Si les mentalités changent pourtant de plus en plus vite, de même que la société évolue en permanence, reste que sur ce sujet, le chemin à parcourir semble encore long.

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