«Toute ma vie, j’ai cherché à répondre à cette question : pourquoi ? Pourquoi a-t-on voulu me tuer, quand j’avais 6 ans ? Pourquoi cette pulsion de mort contre le peuple juif ?» Cette interrogation hante toujours Claude Berger, 86 ans, qui a tenté d’y répondre dans un essai intitulé Pourquoi l’antisémitisme ? (Paris - Max Chaleil) paru en 2013. Il nous reçoit dans son HLM du Marais, un deux-pièces encombré de livres et de manuscrits du sol au plafond. Le quartier, peuplé d’immigrés juifs, où il vivait, enfant, et qu’on appelait le Pletzl.
Claude Berger est né en juin 1936, pendant les grèves du Front populaire. Son père, «un peu voyou sur les bords», passera une bonne partie de la guerre en prison, ce qui ironiquement le sauvera. Sa mère meurt des suites d’une longue maladie quand il a 3 ans. Claude est donc élevé par ses grands-parents paternels, rue de Fourcy. «Nous habitions à côté du bordel, où mon père était parfois appelé pour expulser les clients indélicats. Après la guerre, je gardais les vélos des clients pour me faire un peu d’argent», témoigne celui qui a été dentiste, avant d’ouvrir, à la retraite, son restaurant de cuisine ashkénaze, le Train de vie. Forte personnalité, sa grand-mère Juliette, née en Roumanie, tient une mercerie ; son grand-père Léopold, juif pieux originaire de Lviv en Ukraine, est retoucheur.
«Bouge pas, j’appelle la Gestapo»
Il a pour client le commissaire du Ier arrondissement. C’est lui, le 15 juillet 1942 au soir, qui vient prévenir la famille Ber