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Politique

Vel d'Hiv: des membres de la Nupes se désolidarisent de Panot après son tweet sur Macron et Pétain

Mathilde Panot à Matignon le 30 juin 2022

Mathilde Panot à Matignon le 30 juin 2022 - JULIEN DE ROSA / AFP

Les propos de la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée nationale passent mal sur les bancs de la gauche. Esther Benbassa appelle à "laisser les morts en paix", tandis que Jérôme Guedj rappelle que "Macron n'est pas égal à Pétain".

Une polémique qui n'en finit pas de rebondir en pleine commémoration des 80 ans de la rafle du Vel d'Hiv. Après la coalition présidentielle, c'est au tour de l'union de la gauche de prendre ses distances par rapport à Mathilde Panot. "Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vel d'Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN!", a jugé la patronne des députés LFI au Palais-Bourbon ce samedi soir sur son compte Twitter.

"Quand on s'offusque légitimement des équivalences hasardeuses et injurieuses, on s'abstient soi-même d'y céder. Donc de la même manière que la France insoumise n'est pas égale au RN, Macron n'est pas égal à Pétain", lui a répondu Jérôme Guedj, le député socialiste de l'Essonne sur le réseau social.

"N'instrumentalisons pas les morts", juge Esther Benbassa

En 2018, Emmanuel Macron estimait que "le maréchal Pétain (avait) été un grand soldat de la Grande Guerre", avançant qu'il était "légitime de rendre hommage aux maréchaux qui ont conduit l'armée à la victoire". Avant d'ajouter que le militaire avait ensuite "conduit des choix funestes" lors de la Seconde Guerre mondiale.

La députée du Val-de-Marne fait également référence à l'élection de deux député RN à la vice-présidence de l'Assemblée nationale, une première dans l'histoire de la Ve République. Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont bénéficié de l’apport des voix des députés de la majorité en obtenant respectivement 290 voix et 284 voix, bien plus donc que les 89 voix des élus de Marine Le Pen.

"Chère Mathilde Panot, je vous estime. Mais là je dis stop. Dans votre tweet, je ne vois pas le mot juif, c'est eux que la rafle a concernés. Laissons les morts en paix, ne les instrumentalisons pas. Et soyons clairs: le macronisme est notre adversaire, mais ce n'est pas Vichy", a jugé de son côté Esther Benbassa, la sénatrice écologiste dans un tweet.

"Digne, c'est le minimum", lance David Assouline

Même son de cloche au Sénat du côté du socialiste David Assouline.

"En ce jour, être digne c'est le minimum", a estimé le sénateur sur son compte Twitter.

D'autres à gauche, qui avaient déjà pris leurs distances avec la Nupes, ne sont pas plus tendres. Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie, qui a présenté des candidats face à ceux de la Nupes a dit ainsi indiqué "avoir "mal à (sa) France (...), celle qui ne confond pas tout, ne brouille pas les destins, qui se souvient, transmet, sans instrumentaliser".

Des attaques qui suivent de première escarmouches

"On peut avoir des désaccords politiques sans verser dans la haine, le confusionnisme et l'indignité. Ce tweet est une honte absolue. Ça, ce n'est pas ma gauche. Ça, ce n'est pas la gauche", a encore avancé le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol sur Twitter.

La polémique fait d'autant plus mauvais effet que Mathilde Panot avait déjà été vivement critiquée, après ses propos sur Élisabeth Borne lors de son discours de politique générale. Elle avait alors affirmé que la Première ministre, fille d'un homme déporté à Auschwitz, qui s'en ensuite donné la mort, d'être une "rescapée".

"J’employais le mot dans le sens 'sauvée de justesse par la Macronie'. Aucune référence à sa terrible histoire familiale", avait ensuite expliqué la députée.

Marie-Pierre Bourgeois