Les Français sont plus tolérants mais ont toujours des préjugés racistes, selon la CNCDH

Globalement, le racisme diminue dans l’Hexagone depuis 1990 selon la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme. Mais certaines minorités sont encore très stigmatisées. L’institution recommande notamment un meilleur accès à la justice.

L’indice de tolérance s’établit à 52 sur 100 en 2022 vis-à-vis des Roms, des populations souvent précaires qui vivent dans des bidonvilles aux abords des grandes villes comme ici à Bobigny en 2019.

L’indice de tolérance s’établit à 52 sur 100 en 2022 vis-à-vis des Roms, des populations souvent précaires qui vivent dans des bidonvilles aux abords des grandes villes comme ici à Bobigny en 2019.  ARNAUD ANDRIEU/SIPA

C’est mieux qu’auparavant : la tolérance envers les minorités s’améliore en France même si certains groupes restent « stigmatisés », notamment les populations roms, affirme ce lundi 18 juillet la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) dans un rapport.

L’institution appelle à « former et sensibiliser » à la lutte contre les préjugés, « de l’école à l’université » dans son rapport sur l’état des lieux du racisme en France. Le document est remis à la ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de la Diversité, Isabelle Lonvis-Rome.

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Y est publié chaque année depuis 2008 un « indice de tolérance », calculé par Vincent Tiberj, un des chercheurs de l’équipe, à partir d’enquêtes en ligne et en face-à-face réalisées par la CNCDH. Cet indice s’établissait, en 2022, à 68 (sur une échelle allant jusqu’à 100, niveau maximum de tolérance). Soit deux points de plus qu’en 2019 et 14 de plus qu’en 2013.

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Le bilan est donc généralement positif. « De 1990 à 2022 […], l’acceptation des minorités a globalement progressé en France ». Et « depuis 2015, le niveau de tolérance semble poursuivre sa progression », souligne Jean-Marie Burgubur, président de la CNCDH, dans le rapport annuel.

« Les discours stigmatisants n’ont pas disparu »

Pour autant, « les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique », selon le président de l’institution. Il ajoute que « les mois de crise sanitaire ont réactivé les théories complotistes antisémites et la campagne présidentielle a été marquée par le retour obsessionnel de la thématique sécuritaire, susceptible de renforcer les réflexes de fermeture et de repli xénophobes ».

L’indice de tolérance par « minorité » s’établit à « 80 à l’égard des Noirs », « 79 à l’égard des juifs », « 74 à l’égard des Maghrébins », « 62 à l’égard des musulmans » et « 52 à l’égard des Roms », selon le rapport.

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A partir de ses enquêtes, la CNCDH note que des préjugés racistes ont la vie dure, même si certains sont en recul. Ainsi 38 % des Français pensent que « l’islam est une menace contre l’identité de la France » (contre 44,7 % en 2019) ou encore 45 % pensent que « les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics » (48,2 % en 2019). Et 37 % pensent que « les juifs ont un rapport particulier à l’argent », en hausse par rapport à il y a deux ans (34,1 %).

« Difficulté à déposer plainte »

Comme dans son précédent rapport, la CNCDH rappelle que les faits racistes, antisémites ou xénophobes restent largement sous-déclarés : « 1,2 million de personnes seraient victimes chaque année d’au moins une atteinte (injures, menaces, violences ou discriminations) », note l’institution, s’appuyant sur les estimations de l’enquête Cadre de Vie et Sécurité 2019 (Insee/statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice).

Or l’année suivante, seules 7 759 affaires à caractère raciste ont été transmises à la justice, selon les chiffres du ministère. Un « chiffre noir » qui s’explique notamment « par la difficulté » pour les victimes « à déposer plainte ».

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La CNCDH formule douze recommandations « prioritaires » : mettre en place « des modules obligatoires dans la formation continue des enseignants portant sur la lutte contre le racisme » ; adopter un « plan d’action national sur la formation à la citoyenneté numérique » ; mieux former le personnel de police et de gendarmerie ou les magistrats au contentieux raciste.

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La Commission réclame par ailleurs des « moyens humains et financiers consacrés à la lutte contre l’antitsiganisme », avec un « engagement du gouvernement pour faire évoluer le regard et les pratiques vis-à-vis des populations roms ».

Elle recommande en particulier l’instauration d’une « trêve scolaire afin de prévenir toute rupture de scolarisation liée à une expulsion ». 1 330 expulsions de lieux de vie informels ont eu lieu en 2021. Ou encore de « favoriser l’accès aux droits des justiciables ».

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Autres préconisations : « la mise en place effective de la plainte en ligne telle que prévue par la loi », ou encore le souhait que la Délégation interministérielle à la Lutte contre le Racisme et l’Antisémitisme (Dilcrah) se saisisse « véritablement » de la problématique des discriminations dans le monde du travail.

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