Tendance médias 2022 : les gens n'ont plus envie de s'informer

© Grand Budapest Hotel

D’après le rapport Reuters 2022, les gens évitent de plus en plus les informations. Les news sont jugées répétitives ou anxiogènes, et dans le contexte de l’après-Covid, on perd l'envie de s'y confronter.

Cachez ces actualités que je ne saurais voir ! Alors qu’une partie de la presse a largement bénéficié de la crise du Covid pour faire le plein de lecteurs et d’abonnés, les choses ont changé en 2022. D’après le Digital News Report 2022 de Reuters, la consommation de média a clairement diminué sur les médias traditionnels comme la télévision et la presse tandis qu’une partie de la population se détourne à présent sciemment de toute source d’information.

Stratégie d'évitement

Reuters révèle que 38 % de la population mondiale évite sciemment de prendre connaissance de l'actualité alors que cette proportion ne s'élevait qu’à 29 % en 2017. Parmi les pays les plus touchés, on trouve le Brésil (54 % des personnes interrogées), la Grande-Bretagne (46 %) et les États-Unis (42 %). La France est au milieu du classement avec 36 %. Les raisons de cet évitement semblent faire consensus : lassitude face à une actualité jugée répétitive, surtout autour des sujets politiques et du Covid pour 43 %, sentiment d’anxiété face à des informations angoissantes pour 36 % ou bien encore sensation d’être submergé par la quantité d’informations pour 29 % des personnes interrogées.

Une autre raison invoquée est aussi impressionnante. Parmi les gens qui veulent éviter à tout prix l’actualité, 15 % expliquent que la lecture et la compréhension de l'information semblent trop difficiles. Ce pourcentage concerne surtout une population jeune et moins éduquée que la moyenne qui reçoit l'information de manière plus fragmentée, via les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille.

Un désintérêt global pour l'actu

De manière plus globale, le rapport Reuters note un désintérêt global des audiences pour les médias traditionnels. Depuis 2013, la consommation de magazine papier a chuté. Seuls 15 % de la population américaine interrogée lisent ce type de média contre 47 % il y a 11 ans. Même chose pour la télévision dont le taux de consommation est passé de 72 % a 48 % sur la même période. Plus dramatique encore, le nombre de personnes interrogées déclarant ne jamais consommer de média s’élève à présent à 15 % aux USA contre 3 % en 2013. Ce chiffre reste cependant à nuancer. Dans les pays comme l’Allemagne, le Portugal ou la Finlande, le pourcentage d’allergiques aux informations ne dépasse pas les 5 %.

Cette baisse de la consommation est concomitante avec une autre baisse : celle du niveau de confiance dans les médias. Alors que ce taux avait connu une embellie à la suite de la crise sanitaire, il est passé de 44 % en 2021 à 42 % pour cette année. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont toujours les trois pays connaissant le taux de confiance le plus bas (29 % pour la France). L'indifférence et l'idée selon laquelle les médias seraient sous influence politique sont les raisons les plus souvent évoquées pour expliquer cette défiance.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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commentaires

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  1. Avatar Bayer dit :

    Consommer de l'information. Voilà bien le sujet.

    Tous les médias sont affiliés à des multinationales de milliardaires. Donc l'information devient totalement faussée. Donc à moins de savoir décrypter ou comprendre les éléments de langage, pour le béotien c'est incompréhensible. Résultat désaffection pour les médias . Pour une petite partie qui s'intéresse, comme lire un journal, celà n'est pas de la consommation mais une analyse personnelle de l'information. Plus on est habitué à échanger plus c'est une nécessité. Quand aux télévisions d'information en continue, c'est comme un programme informatique sans sortie, ça boucle

  2. Avatar aliboron dit :

    Je viens de lire cet article et ... comment être étonné que les causes ne soient pas évoquées.
    Il ne s'agit "d'une allergie à l'information" mais plus vraisemblablement d'une méfiance et d'un rejet du traitement de l'information par des journalistes avides sensationnel.
    Les médias devraient npn pas s'interroger mais interroger les lecteurs ou auditeurs qui sont las des conteurs de nouvelles auxquelles ils associent une pincée de compassion, des formules répétitives et souvent avec une méconnaissance dangereuse des sujets qu'ils traitent.
    Bien entendu, j'ai lu le document de REUTERS et j'ai compris que le sujet est celui du marché de l'information pas celui de la qualité éditoriale.

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