Sur le poster, des pousses d’ail grandissent jusqu’à atteindre la taille d’un immeuble : « Cinq yuans [0,75 euro] la livre, de l’ail contre un appartement ! », propose la publicité du promoteur immobilier Jianye aux paysans du Henan, une province rurale du centre-est de la Chine. L’entreprise assure avoir reçu 430 tonnes d’ail, entre fin mai et début juin, qui ont permis à trente agriculteurs de payer une fraction de leur appartement.
Avec un slogan pareil, elle a surtout réussi une belle opération de communication : à travers le pays, d’autres promoteurs ont suivi, tentant de séduire des agriculteurs en acceptant des pastèques, du blé, ou des pêches, toujours au-dessus des prix du marché, pour financer une fraction de l’apport initial. Mais derrière l’inventivité des services marketing, ces campagnes montrent surtout que les promoteurs sont prêts à tout pour conclure des ventes.
Et pour cause, depuis bientôt un an, le chiffre d’affaires de l’immobilier est en chute libre. Une campagne gouvernementale pour limiter le surendettement du secteur a fortement resserré les conditions de financement des promoteurs auprès des banques, poussant des dizaines d’entre eux au bord de la faillite. Depuis les difficultés du géant Evergrande, révélées en septembre 2021, des dizaines de promoteurs ont fait défaut sur leur dette.
Confiance des ménages en baisse
Dernier concerné : Shimao Group, entreprise sise à Shanghaï, a manqué, le 3 juillet, une échéance de 1 milliard de dollars (1 milliard d’euros). D’ici à la fin de 2022, l’entreprise devra encore rembourser trois fois cette somme à des investisseurs chinois et internationaux. Lundi 11 juillet, la Bourse de Hongkong a d’ailleurs expulsé six promoteurs chinois, dont Shimao, Sunac, Kaisa, et Evergrande, pour avoir manqué à leur obligation de publier leur bilan financier pour l’année 2021.
Le premier semestre a été particulièrement difficile pour l’immobilier : aux difficultés du secteur sont venus s’ajouter les confinements qui ont marqué le printemps dans de nombreuses métropoles chinoises, dont Shanghaï, enfermée pendant plus de deux mois. De quoi affecter les ventes et la confiance des ménages. Au deuxième trimestre, cette dernière était encore plus faible qu’en 2020 pour ce qui concerne les revenus et l’emploi, d’après l’étude trimestrielle de la banque centrale chinoise, publiée le 29 juin.
La fin des confinements semble avoir redonné un peu d’air au marché : si les ventes baissent sur un an, elles ont progressé de 61 % par rapport à mai
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