Le parquet péruvien a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête après que sept femmes ont été séquestrées et torturées dans un village reculé des Andes par des membres d’une milice paysanne qui les accusaient de «  sorcellerie ».

Selon la presse locale, les victimes, âgées de 43 à 70 ans, avaient été enlevées le 29 juin dernier à Chillia, un village situé à 700 km au nord de Lima. Un homme a également été enlevé, mais n’a pas été maltraité.

Les victimes ont été libérées mardi après l’intervention des autorités, alertées par la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une femme suspendue par un pied et fouettée pour qu’elle avoue de supposés actes de sorcellerie.

Des femmes passées à la question

« Elles ont été séquestrées pour sorcellerie, on les accusait car de nombreuses personnes dans le village avaient perdu leur capacité physique ou la vie », a expliqué Eliana Revollar, la cheffe du bureau du Défenseur du peuple, un organisme chargé de veiller au respect des droits humains.

« Elles ont été libérées après avoir signé un document dans lequel elles s’engagent à ne pas dénoncer » les mauvais traitements reçus et à « cesser la sorcellerie », a ajouté Eliana Revollar. Le parquet a indiqué sur Twitter que « sept femmes et un homme ont été libérés après avoir été séquestrés par des milices paysannes dans le district de Chillia », et qu’une enquête a été ouverte.

« Ils les punissent, ils les déshabillent, ils leur mettent de l’ortie sur le corps, souvent avec un fouet », a déclaré à la radio RPP le chef local du bureau du Défenseur du peuple, José Luis Agüero.

Le chef de la milice paysanne de Chillia, Manuel Quijano, a justifié les faits par une « plainte de gens qui étaient victimes d’actes de sorcellerie ». « La population indignée a décidé de s’emparer de ces femmes et de les transmettre à leur chaîne de commandement, après approbation » en assemblée, a-t-il ajouté.

Milices paysannes

Les « rondes paysannes » ont été créées au Pérou il y a une cinquantaine d’années, initialement pour lutter contre les vols de bétail. Elles se sont par la suite opposées à la guérilla maoïste du Sentier lumineux (1980-2000). Elles font souvent la police dans des zones reculées du pays où la présence de l’État est quasi-nulle.

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Le président péruvien, Pedro Castillo, instituteur dans une zone rurale du nord du pays, a fait partie d’une de ces organisations dont l’action est encadrée depuis 1993.

La semaine dernière, le parquet avait déjà ouvert une enquête après la plainte d’une équipe de télévision qui avait affirmé avoir été séquestrée par des membres d’une milice paysanne à Cajamarca lors d’un reportage sur la famille du chef de l’État.