“Dans un coin reculé du désert du sud de la Californie, au moins 200 sans-abri vivent dehors, bravant des conditions extrêmes, rapporte The Guardian : des températures torrides l’été, la neige l’hiver, un terrain accidenté inaccessible à beaucoup de véhicules, un vent permanent qui charrie du sable partout et pas le moindre point d’eau sur des kilomètres.”

Beaucoup d’entre eux ont été chassés par la police de la ville voisine de Lancaster, située à une centaine de kilomètres au nord de Los Angeles. Ces dernières années, les autorités de Lancaster “ont sévi contre les sans-abri, interdisant de camper à certains endroits, infligeant des PV pour vagabondage et d’autres infractions du même genre, et menant des opérations pour évacuer des campements, lors desquelles les affaires des gens sont détruites, selon les défenseurs des sans-logis”.

Vivre dans le désert peut s’avérer mortel. D’après les données obtenues par The Guardian, “246 décès de sans-abri ont été enregistrés à Lancaster et dans ses environs depuis 2015, dont 18 dans le désert”. Des chiffres en nette hausse ces dernières années et sans doute sous-estimés, précise le journal britannique.

“Traités comme une cause perdue”

La situation du logement et des personnes sans domicile fixe est une “catastrophe” dans l’ensemble du comté de Los Angeles, qui abrite “des quartiers parmi les plus riches du pays” mais aussi “20 % des sans-abri des États-Unis”. La Californie a engagé des dépenses sans précédent pour lutter contre ce fléau, mais le nombre de SDF continue d’augmenter, selon le quotidien.

Lancaster, dont le maire républicain a déclaré que les habitants devraient s’armer face au nombre croissant de personnes à la rue, a adopté une stratégie particulièrement agressive. Ce que déplore Candice Winfrey, 37 ans, qui s’y est retrouvée sans logement après une rechute dans une addiction et la perte de son emploi :

“La ville de Lancaster nous traite comme une cause perdue, comme si nous n’étions que des clochards et des alcooliques, des gens sales qu’on ne veut pas voir.”

Les sans-abri représentent 1,3 % de la population de la ville, mais “ils ont été la cible de 48 % des contrôles de police pour des violations mineures du règlement municipal en 2020, d’après l’ACLU”, grande association de défense des libertés civiles aux États-Unis.

Aujourd’hui, les habitants du désert craignent d’être de nouveau chassés, plus loin encore. Ces dernières semaines, rapporte The Guardian, “quelqu’un a déposé une grande pancarte près de camping-cars, où il était écrit : ‘Interdit de stationner. Intrusion défendue. Les contrevenants seront poursuivis.’” Personne ne sait de qui il s’agissait, ni comment ces injonctions pourraient être imposées, mais les sans-abri “se préparent au pire”.