Art

Les plus belles lettres d’amour de Frida Kahlo à Diego Rivera

Retour sur les correspondances les plus intimes, et fiévreuses, de l'artiste mexicaine à l'amour de sa vie. 
Frida Kahlo et Diego Rivera vers 1945
Wallace Marly / Getty Images

La vie de Frida Kahlo a été marquée de grands événements et traversée par de multiples personnes. Mais s'il y a bien un nom à retenir parmi elles, c'est celui du peintre Diego Rivera. Les deux artistes se rencontrent en 1928, date à laquelle Frida Kahlo rejoint le Parti Communiste Mexicain et se rapproche des âmes créatrices de sa ville. Bien qu’ayant 21 ans de différence, ils deviennent rapidement proches et échangent sur leurs travaux artistiques respectifs. “Pour moi, il était manifeste que cette jeune fille était une véritable artiste” dit-il à son propos. À cette époque, Diego Rivera est déjà connu pour ses œuvres tandis que Frida Kahlo commence tout juste à se faire remarquer. Admirative du peintre, elle lui montre son travail et suit ses conseils. Le couple vite formé se marie l’année suivante, le 21 août 1929, et s’installe à Mexico.

Frida Kahlo et Diego Rivera, pour l'amour de l'art

“Rien ne ressemble à tes mains, rien ne ressemble non plus à l’or vert de tes yeux. Tu remplis mon corps, jour après jour. Tu es le miroir de la nuit. La lumière violette de l’éclair. L’humidité de la Terre. [...] Ta parole parcourt tout l’espace et parvient jusqu’à mes cellules, qui sont mes astres, et retourne aux tiennes qui sont ma lumière.” écrit Frida Kahlo sur son amour pour Diego Rivera.

Hulton Archive / Getty Images

Malgré l’amour inconditionnel qu'elle lui porte, Diego Rivera la trompe régulièrement, sans même s’en cacher. Au fil de leurs voyages et de toutes ces affaires extraconjugales, le couple ponctue son histoire de lettres : des lettres d’amour, mais aussi de haine et de révolte tant leur relation - iconique, et que l’on décrit souvent comme passionnée - était toxique. En 1930 et 1932, Frida Kahlo subit deux fausses couches. Pendant ce temps, son mari continue d’avoir des enfants avec ses maîtresses sans jamais les reconnaître. Il ira même jusqu’à entretenir une relation avec la sœur de Frida Kahlo, Cristina. C'est la trahison ultime pour la jeune femme qui demande le divorce (avant de se marier à nouveau en 1940).

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Frida Kahlo

Alors que Frida Kahlo se retrouve très seule, depuis son lit d'hôpital notamment, elle continue d'écrire lettres et poèmes à Diego Rivera. La dernière correspondance, datant de 1953, a été rédigée seulement quelques mois avant sa mort. De son amour à son adoration pour le peintre en passant par sa rage immense, voici quelques unes des plus belles lettres écrites par Frida Kahlo. Morceaux choisis.

Correspondances d'un amour aussi inconditionnel que destructeur

Lettre du 12 septembre 1939

“Ma nuit est comme un grand cœur qui bat. Il est trois heures trente du matin. Ma nuit est sans lune. Ma nuit a de grands yeux qui regardent fixement une lumière grise filtrer par les fenêtres. Ma nuit pleure et l’oreiller devient humide et froid. Ma nuit est longue et longue et longue et semble toujours s’étirer vers une fin incertaine. Ma nuit me précipite dans ton absence. Je te cherche, je cherche ton corps immense à côté de moi, ton souffle, ton odeur. Ma nuit me répond : vide ; ma nuit me donne froid et solitude. Je cherche un point de contact : ta peau. Où es-tu ? Où es-tu ? Je me tourne dans tous les sens, l’oreiller humide, ma joue s’y colle, mes cheveux mouillés contre mes tempes. Ce n’est pas possible que tu ne sois pas là. Ma tête erre, mes pensées vont, viennent et s’écrasent, mon corps ne peut pas comprendre. Mon corps te voudrait. Mon corps, cet aléa mutilé, voudrait un moment s’oublier dans ta chaleur, mon corps appelle quelques heures de sérénité. Ma nuit est un cœur en serpillère. Ma nuit sait que j’aimerais te regarder, chaque courbe de ton corps, reconnaître ton visage et le caresser. Ma nuit m’étouffe du manque de toi. Ma nuit palpite d’amour, celui que j’essaie d’endiguer mais qui palpite dans la pénombre, dans chacune de mes fibres. Ma nuit voudrait bien t’appeler mais elle n’a pas de voix. Elle voudrait t’appeler pourtant et te trouver et se serrer contre toi un moment et oublier ce temps qui massacre. [...] Ma nuit me brûle d’amour. Il est quatre heures du matin. Ma nuit m’épuise. Elle sait bien que tu me manques et toute son obscurité ne suffit pas pour cacher cette évidence. Cette évidence brille comme une lame dans le noir. [...] Ma nuit te cherche sans cesse. Mon corps ne parvient pas à concevoir que quelques rues ou une quelconque géographie nous séparent. [...] Ma nuit hurle et déchire ses voiles, ma nuit se cogne à son propre silence, mais ton corps reste introuvable. Tu me manques tant. Et tes mots. Et ta couleur. Le jour va bientôt se lever.”

Lettre d'avant 1940

“Diego, mon amour, n'oublie pas que dès que tu auras terminé la fresque, nous nous retrouverons pour toujours, sans disputes ni rien - juste pour nous aimer beaucoup.”

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Frida Kahlo
Poème sans date

“Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir. Tu mérites un amour qui te fasse sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lorsqu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions. Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber. Tu mérites un amour qui balaierait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.”

Keystone-France / Getty Images
Lettre sans date

“Aujourd’hui j’ai pensé à toi. Bien que tu ne le mérites pas, je dois reconnaître que je t’aime. Comment oublier ce jour où je t’ai demandé pour la première fois un avis sur mes tableaux ? Moi, encore jeune folle, toi, grand seigneur au regard lubrique. Tu m’as donné la réponse que j’attendais, pour ma satisfaction, pour me voir heureuse, sans même me connaître tu m’as poussé à continuer de peindre. Mon Diego, mon âme s’est souvenue que je t’aimerai toujours malgré le fait que tu ne sois pas à mes côtés. Dans ma solitude je te dis qu’aimer n’est pas un péché impardonnable. […] J’ai demandé à mon cœur pourquoi toi et pas un autre.”

Lettre de 1953

“Je t’écris cela depuis une chambre d’hôpital, la salle de préparation au bloc opératoire. Ils essaient de me presser mais je suis déterminée à achever cette lettre. Je n’aime pas faire les choses à moitié, et encore moins maintenant que je suis au courant de ce qu’ils planifient : ils veulent blesser ma fierté en me coupant un pied. Lorsqu’ils m’ont annoncé qu’ils devaient m’amputer la jambe, cela ne m’a pas affecté comme chacun le croyait. Non, j’étais déjà une femme incomplète lorsque je l’ai perdu cette autre fois, peut-être la énième, et pourtant j’ai survécu. Cela n’a pas changé ma douleur et tu le sais, c’est presque une condition immanente à mon être, bien que j’ai souffert, et beaucoup, la fois, toutes les fois où tu m’as trompée. Pas seulement avec ma sœur, mais avec tant d’autres femmes. Comment ont-elles pu tomber dans tes filets ? [...] je n’ai jamais compris, qu’est-ce que tu cherchais, qu’est ce que tu cherches, qu’est ce qu’elles te donnent et t’ont donné que je ne t’ai pas offert. Parce que, soyons francs Diego, je t’ai donné tout ce qui était humainement possible et nous le savons. Maintenant tu le vois, mon morcellement sera visible à la vue de tous, de toi. [...] Je t’écris pour t’annoncer que je te libère de moi. Je “t’ampute” de moi. Sois heureux et n’essaies plus jamais de me voir. Je ne veux plus avoir de tes nouvelles ou que tu en aies de moi. […] C’est tout. Je peux enfin m’en aller et reposer en paix. Celle qui vous aimait d’une impétueuse folie fait ses adieux.”

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